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Afficher la version complète : "Pépère"



Ch'beb
07/01/2004, 17h34
Un huttier sans appelant, c'est comme un été sans soleil, un chasseur de plaine sans chien, un éléphant sans trompe.
Qui d'entre nous n'a pas un un coup de coeur pour la petite cane discrète mais oh combien efficace aux cours des poses ?
Celui qui a eu la chance, comme mon ami Bruno, de posséder un appelant hors du commun fut et restera un sauvaginier comblé.
Sans gros moyens, avec beaucoup d'ingénuosité et de patience, il en a élevé des canards !!
La cerise sur le gâteau fut sans contestation, un mâle CV nommé "Pépère". Pourquoi "Pépère"? Son âge certainement, il avait huit ans mais aussi sa complicité et sa fidélité envers son maître.

"Pépère" a toujours été fidèle en amour, protégeant Madame lors des couvées ou infligeant une "raclée" monumentale à tout jeune prétendant.
Il n'a jamais connu la cage à appelant ou le sac à patates comme je l'ai déjà vu faire pour le transport: sa place était réservée à l'arrière de la vieille 4L, sur une couverture de laine et personne n'aurait pu prendre cette place.
Pas besoin non plus de le rabattre comme les autres au moment du départ pour la hutte: il venait de son propre chef comme l'aurait fait tout bon chien sentant qu'il allait chasser.
Roi de l'attelage, c'est toujours vers lui que ses ont dirigés ses confrères sauvages... pour leur ultime promenade. Quand ces derniers rechignaient à poser, Bruno allait dételer "Pépère" et nous attendions un nouveau vol.
A la moindre alerte, "Pépère" filait par la guignette ouverte et neuf fois sur dix, après un vol très bref, il venait se poser sur le clair, entrainant les becs plats rendus confiants. Il avançait alors lentement vers le pied de hutte et semblait attendre le coup de tonnerre qui allait crucifier les imprudents.
A la fin de chaque chasse, d'un signe du doigt, Bruno lui faisait reprendre sa place à l'arrière de la voiture et nous pouvions rentrer.

Un triste Samedi de Septembre, en allant au parc, Bruno n'a pu que constater la disparition de "Pépère".
A-t-il suivi, dans un élan amoureux incontrôlé, une belle sauvage ? Peu probale :fidèle en amour, je l'ai déjà dit, il n'a eu qu"une seule compagne.
Est-il allé faire un tour et se faire ramasser ou tuer par un chasseur du coin ? Certainement : il était peu méfiant.

Je n'étais pas avec Bruno ce Samedi là : il m'a appris la nouvelle par téléphone mais je crois savoir qu'une larme a coulé sur son visage.
Les vrais huttiers comprendront.
Trois semaines plus tard, la cane de "Pépère" a été retrouvée morte, de mort naturelle.

Ch'beb

chili80
07/01/2004, 19h39
emouvante ton histoire anonyme. :P

*RM*Guéna
07/01/2004, 21h23
Ca fait mal ces moments là, hein? :T

T'as raison Ch'beb, sans les appelants on est rien...Sans les chiens non plus...

C'est très beau d'aimer ses complices comme ça et de le faire partager aux autres, c'est ça la Chasse.

Gab34
07/01/2004, 21h50
Tout à fait d'accord.
C'est drôle ces relations qui peuvent s'établir entre les appelants et ceux qui les élèvent, les nourrissent et les utilisent à la chasse.
La moindre attitude inhabituelle, un chant différent, une plume froissée, nous font bondir, et au fil du temps s'établit comme une tendre complicité.
Chaque cane finit par porter un nom, la boiteuse, la folle, blanchette, zozo, bleuette, et les autres...
Les destins semblent d'un seul coup liés comme si ces oiseaux constituaient en quelques sortes le prolongement physique de nos rêves les plus secrets qu'ils seraient seuls peut-être à comprendre.
La chasse au gibier d'eau c'est aussi cela, une longue quête de l'excellence.

*RM*Guéna
07/01/2004, 22h26
Et puis on les aime nos appelants, tout simplement, même ceux qui ne participeront jamais à la "Quête de l'excellence", mais qu'on garde à la retraite dans nos parcs parce qu'on ne se voit pas les abandonner ou pire...

Alors on les garde, et puis ça devient des canards "de compagnie" en quelque sorte, avec tous leur caractère, leurs habitudes, et la confiance qu'ils nous accordent et qu'on ne saurait trahir...

On s'y attache pour les souvenirs qu'on a de nos chasses avec eux aussi, et puis une fois de temps en temps on se tappe le délire de faire une nuit avec uniquement les retraités, pour voir, pour le plaisir d'entendre à nouveau leurs voix...

Et des fois ça porte chance: perso c'est à une de ces occasions que j'ai tué ma première oie, et pourtant, ou peut être, grâce à mes vieux appelants qui étaient seuls piquée ce soir là...

Et un élevage c'est ça aussi.

Y'a pas de secrets là dessus: les bons canards viennent toujours d'élevages oû le "Fondu" des appelants à l'origine de la souche en a toujours eu dans ses parcs beaucoup trop par rapport à ses seuls besoins pour la chasse...Non?

En tout cas c'est ce que j'ai constaté chez les Anciens...

DG
08/01/2004, 15h46
le coup de se laisser mourrir, je l'ai vu aussi, avec mon vieux "CARLOS" ('faut dire qu'il était grassouillet!), sur la fin de sa vie, il n'etait plus accouplé qu'avec une seule cane( pourtant, il avait été un fameux don juan!), et puis cette cane s'est blessée une patte, j'ai fait l'erreur de l'isoler pour la soigner, et ben mon Carlos en est resté prostré dans 1 coin du parc pendant 3 jours, sans manger ni boire ni se baigner, j'ai compris assez vite et je l'ai ramené aupres de sa douce, il s'est refait une santé!....la pauvre! qu'est ce qu'elle a pris pour les retrouvailles :C :C :C ....elle en a reboité illico!!!! ;)

*RM*Guéna
08/01/2004, 15h47
Et elle s'appelait Rosalie? :))

"Rosalie rosalie ohhhh

Rosalie Rosalie ahhhh"

Il assure en danse du ventre... :))

DG
08/01/2004, 15h51
Il lui a montré son .................................................. ..............PAPAYOU, PAPAYOU, PAPAYOU PAPAYOULéLé :C :C , cétait le plus beau de tous les papayous, qu'on ait vu depuis des années :) :) :)

MAS
26/01/2004, 22h43
tous plus ravagés les uns que les autres :fou:

ça me rassure sur mon état mental :))

j' ai bin pleuré pour une rieuse plombée par un copain et une cendrée croquée par un renard moi :T