Aviper : un programme scientifique pour connaître les capacités des oiseaux à pouvoir répondre au dérangement humain (y compris la chasse).
Publié le 29 février 2016
De nombreux a priori plus ou moins fondés laissent penser que le dérangement humain, et notamment la chasse, constitue systématiquement une menace délétère pour les oiseaux. A l’inverse de publications scientifiques anciennes qui formulaient de telles hypothèses sur la base de simples modifications du comportement des animaux, des travaux récents intégrant des approches en écologie évolutive et comportementale ainsi qu’en physiologie de la conservation mitigent ces premières suppositions (ou croyances). Il est en effet avéré que la réponse biologique des oiseaux confrontés au dérangement est identique à celle qu’ils développent face à des prédateurs naturels. Ceci nécessite donc de considérer la perception du risque notamment au travers des adaptations au stress ainsi que des stratégies comportementales mises en jeu pour maximiser les capacités de survie et de reproduction des oiseaux évoluant dans des environnements dynamiques.035
Afin de répondre aux enjeux de conservation de la biodiversité exprimés par les directives européennes en matière de perturbation, notamment au regard d’une exploitation durable par la chasse des ressources naturelles renouvelables que sont les oiseaux, l’ISNEA et la FRC Languedoc Roussillon, soutenus par la FNC, la DREAL Normandie et le Conseil Régional Midi Pyrénées-Languedoc Roussillon ont été missionnés pour étudier in situ les effets du dérangement sur les capacités intrinsèques de survie et de reproduction chez les oiseaux. Dans la pratique, ce travail est exécuté par le CNRS et le Cabinet de Recherche et d’Expertise en Ecologie Appliquée Naturaconst@. Différents sites d’études représentatifs en termes de pression de dérangement et d’espèces ou d’habitats ont été choisis sur la façade Manche-Atlantique (76, 27, 17), le centre de la France (36) et dans l’arc méditerranéen (30, 34,…). A l’instar d’études réalisées en Amérique du Nord, les travaux consistent à recueillir des données originales sur la distribution et l’écologie spatiales des espèces grâce aux nouvelles technologies (caméras thermiques, pose de balises GPS, …), le suivi précis du comportement ainsi que sur l’état physiologique des oiseaux. .Selon un protocole rigoureux et encadré, des oiseaux sont capturés pour être équipés de balises GPS* et sont sujets à des prélèvements sanguins. Les fédérations des chasseurs, en tant qu’associations agréées au titre de la protection de la nature, apportent leur concours pour les opérations de terrain. Par ailleurs, les chasseurs des départements concernés collaborent en fournissant des échantillons biologiques à partir des oiseaux tués à la chasse. Ces données essentielles permettent notamment d’évaluer les équilibres existant entre l’état nutritionnel et les performances de vol. Ces équilibres, véritables indicateurs de la perception du risque par rapport à la prédation ou au dérangement sont ensuite comparés à ceux connus pour des oiseaux étudiées en condition contrôlées. D’ores et déjà les deux années de collectes de données montrent que lorsque gestionnaires, chasseurs et scientifiques collaborent étroitement ensemble, les lourdes opérations de terrain sont couronnées de succès. AVIPER démontre également que les Fédérations des chasseurs sont des acteurs incontournables pour améliorer la connaissance sur le fonctionnement écologique des espèces. Gageons que ces résultats originaux apporteront de nouvelles et précieuses informations qui permettront une gestion plus juste et équitable des habitats et des espèces eu égard aux activités humaines dans les espaces naturels.
*certaines des balises sont financées par nos mécènes (Nutricia, Gabion Unlimted, …), l’ANCGE, l’ASVS59, l’ASMCB et la Fédération des chasseurs de l’Oise