Rendez vous est pris avec une blonde pour aller à la hutte : ben oui quoi un vieux plan foireux de mes parents avec des amis à eux dont la fille adore la chasse !
Rdv pris donc pour le vendredi 18 février 95
On arrive à la hutte. Nous sommes précédés de mon parrain qui un sourire jusqu’aux oreilles me fait savoir bille en tête que ça remonte en oies : il y en a 7 posés dans la plaine à quelques centaines de mètres de la mare.
Elles étaient à 200 m au Nord de la hutte quand il est arrivé tout à l’heure et les a fait s‘envoler en approchant de la mare !
Elles sont passées au dessus de la mare et les cendrées du parc se sont déchainées dessus. La volée a cassé des ailes au dessus de la flaque puis s’est laissé glisser à 300 ou 400 m de là dans la plaine.
Il en aurait pas fallut plus pour me mettre dans tous mes états !!!!
Je me précipite sur les plateaux à oies à peine les sacs posés et fait bien comprendre à mon invitée que les oies c’est sacré et nous voilà partis à atteler nos cendrées au pas de course…
Je chope ma vieille femelle sauvage (presque 10 ans que je l’ai celle là, elle reproduit admirablement tous les ans d’ailleurs et est la base de mon jeu de cendrées) et la pose sur son plateau à 25 m devant la hutte légèrement à droite.
Aussi vite elle se met à rappeler son jar de toutes ses forces : c’est parti, elles commencent à rappeler régulièrement et je me dis que tout cela est très bon !
Nous sommes arrivés tard vers 17h30 en cette fin février et le temps de mettre tout ça en place il est déjà plus de 18h30. La passée va se faire et si les oies doivent revenir nous voir c’est maintenant ou jamais.
Les oies aiment bien venir boire en général à la passée du soir. Lorsqu’elles ont passé la journée à se gaver dans les champs, il fait bon boire un coup !
Nous sommes tous les 3 derrière la hutte, les fusils chargés avec du gros plomb et sommes prêt à recevoir dignement les visiteuses du soir.
Ma charmante invitée blonde est déjà dans le monde du travail elle, elle est toute fraichement diplômée kiné et bosse sur Dunkerque. Elle a pris sa fin de journée pour me rejoindre à la hutte, moi-même finissant les cours sur Lille vers 15h00.
Nous devisons tranquillement avec mon parrain et il fait déjà bien noir, c’est la fin de saison, pas vu un canard ni un petit gibier …
Il est plus de 19h maintenant et nous ne voyons plus suffisamment pour rester dehors : les oies ne sont pas revenues …
« qu’est ce qu’on fait ? »
« on rentre, on voit queuch’ pour les tirer si elles arrivent maintenant ! »
Nous rassemblons nos affaires et rentrons tous les 3 dans la hutte, Elisa découvre l’intérieur de la hutte de nuit et cela semble lui plaire. Nous montons les lunettes sur les juxta, moi sur le canardouze et mon parrain sur son juxta magnum.
Nous optons pour de grosses munitions, chacun du 4 en magnum et on verra bien ce qui se passera.
« Bon on ouvre et on veille ? »
Nous voilà tous les 3 aux créneaux. La nuit s’annonce calme, il n’y a pas une ride de vent sur la mare !
Nous n’avons pas attelé grand-chose en canards sur la mare, privilégiant le calme pour les mémères qui trainent dans le secteur.
L’horizon est encore un peu orange à l’ouest et le spectacle est magnifique de calme et de féerie aux créneaux.
« Les v’là ! »
La vache les 7 cendrées se présentent déjà dans le ciel à 20 ou 30 m du fond de mare et piquent vers le Nord. Nous sommes accrochés aux créneaux sans dire un mot.
Ma vieille cendrée dresse le cou, elle a vu le vol et ça y est elle tape dessus !!!!!!
Les 7 cendrées qui semblaient vouloir prendre la tangente et monter sur la mare cap plein Nord bloquent soudain leurs ailes à près de 100 m de la hutte et piquent droit sur nous en faisant une grande courbe.
Elisa la copine Kiné ne bouge pas un cil, les 7 cendrées ne font pas un tour et plonge droit sur le clair, nous nous reculons des créneaux pour ne pas être vu avec les lueurs du couchant …
Posées !!!
« Elles sont posées ! toules les 7, prends ton fusil »
Nous prenons les fusils, Parrain son juxta et moi le canardouze. Les cendrées se sont posées sans hésiter à 30/35 en face en plein clair, on n’aurait pas pû les disposer mieux …
« Bon on en prend chacun 2 et on tire »
« Ok »
« J’en ai 2 » lance mon parrain
« Attend j’en ai qu’une »
Les cendrées bougent beaucoup, je les vois boire, se plumer, vache j’en ai une qui plonge carrément la tête et son cou entier dans la mare !
« C’est bon j’en ai 2 ! »
« J’en ai plus qu’une… » Me répond mon Parrain !
La pression monte, j’entends la respiration de mon voisin et mes jambes flageolent. Ces 7 cendrées à 30 m mettent nos nerfs à dur épreuve …Elisa ne bouge pas, je ne suis même pas sûr qu’elle soit encore avec nous ! En même temps là je n’ai pas vraiment le loisir de m’en inquiéter !
« J’en ai 3 »
« Moi aussi, attends … non 2, oui 3 aussi, compte ! »
Au moment ou mon parrain donne le 2 je vois une 4 eme oie passer quelques mètres derrière les 3 miennes.
BBBBBBRRRRRRRAAAAAAAAAAOUMMMMMM !
La vache, je pose rapidement le canardouze sur le lit et chope l’automatique pour achever les blessées.
Je me penche aux créneaux : « y a rien qui bouge »
Je compte rapidement avec la lunette, y en a 5 ou 6, je tire une cartouche sur une qui remuait un peu mais la tête dans l’eau sans véritable danger…
« Elisa, t’en as vu s’envoler ? »
« Euh, non … »
« Parrain : t’en as vu partir toi ? »
« Ben nan… »
« Vache ! On aurait fait les 7 ? »
Je pose le fusil et me précipite dehors. Je rentre dans la mare et en ramasse plusieurs, je les pose dans la barque, tiens encore 2 là bas. Je me penche et compte : 5, 6 et 7 !
Je vérifie et recommence le comptage : 6 et 7 !
« ouah !!! on a fait les 7, je les ai toutes les 7 »
Alors que nous n’étions partis que pour en tirer 2 chacun, la chance nous a souris et 7 magnifiques cendrées sont maintenant dans la hutte devant 2 chasseurs aux anges et une jeune Diane chasseresse qui découvre la hutte en grande pompe !
J’ai toujours pensé depuis que la présence de cette amie du moment avait aidé Saint Hubert à nous sourire, au moins cette nuit là …