DOUPILOU
06/06/2007, 13h25
Après "Les Oies du Père Barbu" et la naissance de ma Passion qu'est la Chasse à la Tonne, voici une autre histoire.
Pour certains d'entre-vous, celle-ci risque d'être fort banale, mais à mes yeux, ils s'agit d'une de mes plus belles veilles aux créneaux... !
Mi-Octobre 2005.
La saison de chasse n'a pas encore commencé. Pour cause, le manque d'eau s'est fait cruellement ressentir ces derniers mois et il nous est impossible de remplir notre mare d'eau douce du fait des restrictions. Pourtant la mare n'est pas bien grande (A peine 1 Ha).
Durant l'été, nous avons passé la plupart de nos week-ends à entretenir le Marais pour que tout soit le plus naturel pour l'ouverture.
C'est la frustation la plus complète pour 2 jeunes chasseurs de gibier d'Eau. L'inter-saison a été une des plus prometteuses avec une sélection rigoureuse de quelques colverts et l'achat de nos 2 premiers couples d'hybrides de sarcelles. 2 années auparavant, nous avions acquéri un couple de Siffleur que l'on préservait afin qu'il soient le mieux accouplés pour cette future saison.
Je n'avais fait que quelques nuits avec Polo (le mâle de siffleur à l'attache) mais jusque-là, il ne m'avait pas franchement convaincu.
Bref, de la fin Août à la mi-Octobre, c'est la tristesse la plus complète. Seule une nuit au compteur depuis le début de l'année mais sans nos Appelants, donc aucune vraie nuit de tonne...
Nou sommes à la mi-octobre. Le passage bat son plein tout autant que la rage qui sommeille en moi.
L'Ancien qui est proprio de l'installation que l'on chasse ne tient plus. Coup de bigo, il a plu ces 4 derniers jours, la mare a bu un peu et il y a tout au plus quelques cm d'eau.
C'est décidé, ça sera pour demain soir les drôles, je m'occupe des Appelants, occupez-vous du Panier.
La nuit précédente, impossible de dormir. Vérification du sac de tonne 5 fois dans la nuit et lecture de quelques vieux cahiers de tonne.
La journée, l'hystérie au boulot. 14 heures, la fin du truc, à bas les chaussures de ville, à moi les cuissardes !
D'ailleurs, y'a pas 36 golios dans mon entreprise à courir sur le parking à la débauche pour arriver le plus vite à la voiture !
Je passe chercher David et on prend par la même occasion notre couple de siff et nos 2 canes de morets.
Arrivée à la tonne vers 16 heures, le vieux est aux anges. Il a installé ses 4 mâles de CV accompagnés de ses 6 canes.
Je me décide d'aller piquer mes sauvages.
L'Ancien est furax. Ca ne vaut rien vos sauvagines. Mes canes ont toujours fait du bon boulot, tu ne vas pas changer ma façon de faire ... Bref, la tension est à son comble. Pourtant, j'avais préparé le terrain quelques semaines auparavant, mais à priori, le temps n'est pas aux changements. Après supplications de notre part, celui-ci nous laisse finalement le loisir de piquer nos 4 oiseaux mais avec toutes les remontrances possibles.
De ca va remonter dessus, les sauvages n'ont jamais attiré les sauvages, ils vont se débattre au moment d'une pause ! Bref à rendre sceptique un jeune chasseur qui plus est, est novice en matière de pique de sauvagines.
Il est 20 heures, le sourire est revenu dans l'installation avec le vieux Pineau qui va avec.
Nous écoutons les Appelants au micro.
D'un coup, Polo se met à siffler puis, de plus en plus rapidement. Depuis une minute, il envoie.
Je saute aux créneaux, ça doit être posé.
Regard plus que noir de l'Ancien.
"Tu sauras mon drôle qu'en 40 ans de chasse, mes canes ne m'ont jamais trompé et sur ce coup-là, elles n'ont pas pipé un mot."
Je file aux créneaux! Inspection, et Nada ... Merde, merde, j'y vois rien avec la vase que l'eau n'a pas tout à fait recouverte.
Polo siffle toujours. L'Ancien se moque éperdument de moi. Ca y est, un moret (sarcelle d'hiver), je le vois, collé à mon Polo. Celui-ci s'écarte, Bouummm, ouf, il y est.
Première petite joie. Je sors ramasser mon moret et je gratifie mon Polo de son sifflet habituel.
Une heure s'écoule, quelques coups sourds dans le marais indique que le canard bouge. Mais les canes de l'Ancien sont muettes. Rien à faire...
D'un coup, Polo se fait entendre et de plus en plus fréquemment. Plouffff ... Un mâle de CV à 2 mètres de lui. Je commande avec Dav, et quelques secondes après, ce deuxième canard vint figurer à notre tableau. L'Ancien sort par la même occasion en écartant un mâle de Cv pour relancer le chant d'un demie-cri.
Quelques minutes après, Re-Polo. Wioouuuuu, wioouuuuu, pas possible, il serre le coyote, mes 2 hybrides serrent et 2 sarcelles tombent à 10 mètres des créneaux. Au moment de la pause, une cane du Vieux embraye, elles remontent. Mince de mince. Polo reprend l'affaire et cette fois, elles se reposent encore un peu plus près. Coup d'accord, les 2 morets y sont. Purée que du bonheur. L'Ancien dort, mes jeunes Appelants font le boulot... !
3 heures du mat.
L'Ancien me conte des nuits fantastiques aux créneaux... Celui-ci me fait languir avec sa plus grosse pose de fins-culs...
Le Marais redevient calme, j'écoute attentivement les récits de Chasse. J'aime tellement ces moments, loin du stress permanent, en pleine quiétude ...!
Polo se remet à envoyer, c'est pas possible !!! Ca pose en fond de mare. Celui-ci siffle fréquemment et ces 3 visiteurs ailés viennent le rejoindre, 3 souchets ... !
Joli coup d'accord.
L'Ancien ne dit toujours rien, la moue est toujours d'actualité et je sens même un gros froid dans la tonne.
La volée du matin nous apporte son lot d'émotion avec la pose d'une cane de miaulard bien encore travaillée par Polo le Magnifique.
Il est l'heure de dépiquer. Je vais chercher mon Polo. J'ai jamais été aussi fier d'un des mes Oiseaux. Je le caresse comme un chasseur de plaine caresserait son chien. J'avoue même que mes yeux s'embuent. Je suis heureux tout simplement. Ma Vie est dictée par ma Passion, par la santé de mes Appelants et aujourd'hui, Polo me rend un juste retour.
Toujours la mine rabougrie, l'Ancien range ses dernières affaires.
Au moment de nous saluer, il me serre la main et me dit d'un air ronchon :
"Demain soir, on y retourne ?"
Puis d'un éclat de rire, "tu ramèneras tes oiseaux petit branleur, t'as gagné".
Putain, j'ai jamais été aussi heureux que ce jour-là.
J'ai beaucoup appris à son contact, mais ce jour-là, j'avais gagné son respect. J'étais vraiment devenu à ses yeux, un vrai tonnayre.
A partir de cette nuit-là, Polo a été un de mes meilleurs Appelants. Jamais en défaut, toujours calme et sûr.
Il est parti il y a quelques mois rejoindre le paradis des Appelants mais il ya une chose que j'ai oublié de faire lorsqu'il est passé de vie à trépas, c'est de le remercier pour tout le bonheur qu'il m'a procuré.
Merci Polo ... !
Pour certains d'entre-vous, celle-ci risque d'être fort banale, mais à mes yeux, ils s'agit d'une de mes plus belles veilles aux créneaux... !
Mi-Octobre 2005.
La saison de chasse n'a pas encore commencé. Pour cause, le manque d'eau s'est fait cruellement ressentir ces derniers mois et il nous est impossible de remplir notre mare d'eau douce du fait des restrictions. Pourtant la mare n'est pas bien grande (A peine 1 Ha).
Durant l'été, nous avons passé la plupart de nos week-ends à entretenir le Marais pour que tout soit le plus naturel pour l'ouverture.
C'est la frustation la plus complète pour 2 jeunes chasseurs de gibier d'Eau. L'inter-saison a été une des plus prometteuses avec une sélection rigoureuse de quelques colverts et l'achat de nos 2 premiers couples d'hybrides de sarcelles. 2 années auparavant, nous avions acquéri un couple de Siffleur que l'on préservait afin qu'il soient le mieux accouplés pour cette future saison.
Je n'avais fait que quelques nuits avec Polo (le mâle de siffleur à l'attache) mais jusque-là, il ne m'avait pas franchement convaincu.
Bref, de la fin Août à la mi-Octobre, c'est la tristesse la plus complète. Seule une nuit au compteur depuis le début de l'année mais sans nos Appelants, donc aucune vraie nuit de tonne...
Nou sommes à la mi-octobre. Le passage bat son plein tout autant que la rage qui sommeille en moi.
L'Ancien qui est proprio de l'installation que l'on chasse ne tient plus. Coup de bigo, il a plu ces 4 derniers jours, la mare a bu un peu et il y a tout au plus quelques cm d'eau.
C'est décidé, ça sera pour demain soir les drôles, je m'occupe des Appelants, occupez-vous du Panier.
La nuit précédente, impossible de dormir. Vérification du sac de tonne 5 fois dans la nuit et lecture de quelques vieux cahiers de tonne.
La journée, l'hystérie au boulot. 14 heures, la fin du truc, à bas les chaussures de ville, à moi les cuissardes !
D'ailleurs, y'a pas 36 golios dans mon entreprise à courir sur le parking à la débauche pour arriver le plus vite à la voiture !
Je passe chercher David et on prend par la même occasion notre couple de siff et nos 2 canes de morets.
Arrivée à la tonne vers 16 heures, le vieux est aux anges. Il a installé ses 4 mâles de CV accompagnés de ses 6 canes.
Je me décide d'aller piquer mes sauvages.
L'Ancien est furax. Ca ne vaut rien vos sauvagines. Mes canes ont toujours fait du bon boulot, tu ne vas pas changer ma façon de faire ... Bref, la tension est à son comble. Pourtant, j'avais préparé le terrain quelques semaines auparavant, mais à priori, le temps n'est pas aux changements. Après supplications de notre part, celui-ci nous laisse finalement le loisir de piquer nos 4 oiseaux mais avec toutes les remontrances possibles.
De ca va remonter dessus, les sauvages n'ont jamais attiré les sauvages, ils vont se débattre au moment d'une pause ! Bref à rendre sceptique un jeune chasseur qui plus est, est novice en matière de pique de sauvagines.
Il est 20 heures, le sourire est revenu dans l'installation avec le vieux Pineau qui va avec.
Nous écoutons les Appelants au micro.
D'un coup, Polo se met à siffler puis, de plus en plus rapidement. Depuis une minute, il envoie.
Je saute aux créneaux, ça doit être posé.
Regard plus que noir de l'Ancien.
"Tu sauras mon drôle qu'en 40 ans de chasse, mes canes ne m'ont jamais trompé et sur ce coup-là, elles n'ont pas pipé un mot."
Je file aux créneaux! Inspection, et Nada ... Merde, merde, j'y vois rien avec la vase que l'eau n'a pas tout à fait recouverte.
Polo siffle toujours. L'Ancien se moque éperdument de moi. Ca y est, un moret (sarcelle d'hiver), je le vois, collé à mon Polo. Celui-ci s'écarte, Bouummm, ouf, il y est.
Première petite joie. Je sors ramasser mon moret et je gratifie mon Polo de son sifflet habituel.
Une heure s'écoule, quelques coups sourds dans le marais indique que le canard bouge. Mais les canes de l'Ancien sont muettes. Rien à faire...
D'un coup, Polo se fait entendre et de plus en plus fréquemment. Plouffff ... Un mâle de CV à 2 mètres de lui. Je commande avec Dav, et quelques secondes après, ce deuxième canard vint figurer à notre tableau. L'Ancien sort par la même occasion en écartant un mâle de Cv pour relancer le chant d'un demie-cri.
Quelques minutes après, Re-Polo. Wioouuuuu, wioouuuuu, pas possible, il serre le coyote, mes 2 hybrides serrent et 2 sarcelles tombent à 10 mètres des créneaux. Au moment de la pause, une cane du Vieux embraye, elles remontent. Mince de mince. Polo reprend l'affaire et cette fois, elles se reposent encore un peu plus près. Coup d'accord, les 2 morets y sont. Purée que du bonheur. L'Ancien dort, mes jeunes Appelants font le boulot... !
3 heures du mat.
L'Ancien me conte des nuits fantastiques aux créneaux... Celui-ci me fait languir avec sa plus grosse pose de fins-culs...
Le Marais redevient calme, j'écoute attentivement les récits de Chasse. J'aime tellement ces moments, loin du stress permanent, en pleine quiétude ...!
Polo se remet à envoyer, c'est pas possible !!! Ca pose en fond de mare. Celui-ci siffle fréquemment et ces 3 visiteurs ailés viennent le rejoindre, 3 souchets ... !
Joli coup d'accord.
L'Ancien ne dit toujours rien, la moue est toujours d'actualité et je sens même un gros froid dans la tonne.
La volée du matin nous apporte son lot d'émotion avec la pose d'une cane de miaulard bien encore travaillée par Polo le Magnifique.
Il est l'heure de dépiquer. Je vais chercher mon Polo. J'ai jamais été aussi fier d'un des mes Oiseaux. Je le caresse comme un chasseur de plaine caresserait son chien. J'avoue même que mes yeux s'embuent. Je suis heureux tout simplement. Ma Vie est dictée par ma Passion, par la santé de mes Appelants et aujourd'hui, Polo me rend un juste retour.
Toujours la mine rabougrie, l'Ancien range ses dernières affaires.
Au moment de nous saluer, il me serre la main et me dit d'un air ronchon :
"Demain soir, on y retourne ?"
Puis d'un éclat de rire, "tu ramèneras tes oiseaux petit branleur, t'as gagné".
Putain, j'ai jamais été aussi heureux que ce jour-là.
J'ai beaucoup appris à son contact, mais ce jour-là, j'avais gagné son respect. J'étais vraiment devenu à ses yeux, un vrai tonnayre.
A partir de cette nuit-là, Polo a été un de mes meilleurs Appelants. Jamais en défaut, toujours calme et sûr.
Il est parti il y a quelques mois rejoindre le paradis des Appelants mais il ya une chose que j'ai oublié de faire lorsqu'il est passé de vie à trépas, c'est de le remercier pour tout le bonheur qu'il m'a procuré.
Merci Polo ... !