jodu11
03/09/2007, 21h40
L'anecdote se situe vers 1850, un bon siècle avant ma naissance... Admirez le couple qui vient vers nous. Lui c'est Gustave : 1,50 m de nerfs, de muscles noueux, pas une once de lard, 90 livres de mauvais caractère et la passion de la sauvagine chevillée au corps. L'autre c'est sa compagne de toujours, pour l'instant suspendue à son épaule : une immense pétoire au canon interminable dont la crosse rase le sol du marais tandis que le guidon haut perché accroche les branches des tamaris et saupoudre généreusement de givre l'encolure frileuse de Gustave par cette froide matinée de Décembre dans les marais de la basse plaine de l'Aude.
Gustave est petit et son tromblon démesuré : pour le charger, il te l'empoigne par le canon, laisse filer la crosse dans un fossé, te colle dans la bouche du canon une fameuse dose de poudre noire suivie d'une généreuse rasade de plomb, recouvre la charge de papier journal et te tasse le tout d'un bon coup de baguette quand, coin ! coin ! voilà un beau voilier de colverts qui s'amène ! Vif comme la poudre, le Gustave t'ajoute une capsule de fulminate (ancêtre de l'amorce) dans la cheminée de la culasse, te remonte le chien de son arquebuse, épaule et horreur ! se rend compte qu'il a oublié de retirer la baguette du canon... Trop tard ! son cerveau a déjà donné l'ordre du tir et l'index docile écrase la détente...
BRRRAOUMMM !!! ZZZAOWWWW !!!! un immense projectile fend l'air à une vitesse vertigineuse, traverse l'escadrille de colverts qui éclate en gerbe et se perd dans l'azur... Hil de **** ! jure le Gustave entre ses dents ! Enfuis les colverts et perdue la baguette... Perdue la baguette ? Enfuis les colverts ? Mais non ! la voilà qui redescend des nues gracieusement freinée dans sa chute par les ailes encore frémissantes des cinq canards qu'elle a embrochés au passage ! Macarel ! çà c'est de la chance se réjouit Gustave ! La broche volante atterrit à une vingtaine de mètres... sur l'autre rive d'une roubine (canal d'irrigation) qui court à travers le marais. Bravement le chasseur s'avance, descend dans le fossé dont le fond vaseux se dérobe sous ses cuissardes de cuir et glou ! glou ! glou ! voilà le Gustave dans la roubine avec l'eau glacée au ras des... roubignoles ! Di Diou ! çà c'est pas de chance...grogne Gustave.
Jurant comme un mécréant, il s'extirpe de la vase, s'agrippe au roseaux de la berge, se tord comme un ver et parvient exténué au bord du talus. Dans un ultime effort, il projette ses deux mains en avant s'accroche, sent que la prise est bonne et s'écroule sur la berge... Est-ce le froid ? la violence de l'effort ? ses mains crispées sont agitées de convulsions irrépressibles : comme dans un rêve il s'aperçoit alors qu'il tient dans ses poings serrés les oreilles de deux malheureux lièvres malencontreusement gîtés au bord du canal ! Macarel de **** ! exulte le Gustave ça valait la peine de se les geler ! Deux coups du lapin (!) et voilà les lièvres au fond de la carnassière, où les rejoignent aussi sec les canards proprement embrochés par la baguette magique.
Claquant des dents le Gustave enlève ses bottes pleines d'eau et les retourne sur l'herbe où elles vomissent deux douzaines d'anguilles ! Cinq canards, deux lièvres et une bourriche d'anguilles d'un seul coup de fusil ! Le coup de fusil du siècle...et sans doute des siècles à venir !
Gustave est petit et son tromblon démesuré : pour le charger, il te l'empoigne par le canon, laisse filer la crosse dans un fossé, te colle dans la bouche du canon une fameuse dose de poudre noire suivie d'une généreuse rasade de plomb, recouvre la charge de papier journal et te tasse le tout d'un bon coup de baguette quand, coin ! coin ! voilà un beau voilier de colverts qui s'amène ! Vif comme la poudre, le Gustave t'ajoute une capsule de fulminate (ancêtre de l'amorce) dans la cheminée de la culasse, te remonte le chien de son arquebuse, épaule et horreur ! se rend compte qu'il a oublié de retirer la baguette du canon... Trop tard ! son cerveau a déjà donné l'ordre du tir et l'index docile écrase la détente...
BRRRAOUMMM !!! ZZZAOWWWW !!!! un immense projectile fend l'air à une vitesse vertigineuse, traverse l'escadrille de colverts qui éclate en gerbe et se perd dans l'azur... Hil de **** ! jure le Gustave entre ses dents ! Enfuis les colverts et perdue la baguette... Perdue la baguette ? Enfuis les colverts ? Mais non ! la voilà qui redescend des nues gracieusement freinée dans sa chute par les ailes encore frémissantes des cinq canards qu'elle a embrochés au passage ! Macarel ! çà c'est de la chance se réjouit Gustave ! La broche volante atterrit à une vingtaine de mètres... sur l'autre rive d'une roubine (canal d'irrigation) qui court à travers le marais. Bravement le chasseur s'avance, descend dans le fossé dont le fond vaseux se dérobe sous ses cuissardes de cuir et glou ! glou ! glou ! voilà le Gustave dans la roubine avec l'eau glacée au ras des... roubignoles ! Di Diou ! çà c'est pas de chance...grogne Gustave.
Jurant comme un mécréant, il s'extirpe de la vase, s'agrippe au roseaux de la berge, se tord comme un ver et parvient exténué au bord du talus. Dans un ultime effort, il projette ses deux mains en avant s'accroche, sent que la prise est bonne et s'écroule sur la berge... Est-ce le froid ? la violence de l'effort ? ses mains crispées sont agitées de convulsions irrépressibles : comme dans un rêve il s'aperçoit alors qu'il tient dans ses poings serrés les oreilles de deux malheureux lièvres malencontreusement gîtés au bord du canal ! Macarel de **** ! exulte le Gustave ça valait la peine de se les geler ! Deux coups du lapin (!) et voilà les lièvres au fond de la carnassière, où les rejoignent aussi sec les canards proprement embrochés par la baguette magique.
Claquant des dents le Gustave enlève ses bottes pleines d'eau et les retourne sur l'herbe où elles vomissent deux douzaines d'anguilles ! Cinq canards, deux lièvres et une bourriche d'anguilles d'un seul coup de fusil ! Le coup de fusil du siècle...et sans doute des siècles à venir !