tronchedecake
29/03/2010, 00h58
Un gros vent de nord est souffle depuis le debut d apres midi sur la mer de la manche. Les retours des huttiers ayant fait la nuit dans les environs n’ont pas été tres engageants, mais c’est normal, la nuit derniere était une nuit de transition en terme de conditions climatiques. Nos voisins sont la, piques egalement, et on s’apprete a vivre une nuit avec bcp plus de questions que de certitudes vu qu’aucun passage significatif n’a eu lieu depuis huits jours.
Vu la situation de la hutte, sur un marais de bord de mer, les horaires de marees sont d’une grande importance. Surtout quand le vent vient de la mer comme ce soir. D’apres l’almanach, la maree haute est pour 2h26 sur la cote. On est un peu impatients d’y etre, a 2h26, surtout que c’est une chose bien admise sur notre hutte, il y a rien de meilleur pour nous qu un plein de mer en milieu de nuit. Le soir « ca vaut rien» et le matin c’est un peu mieux, mais c’est pas aussi bien.
La fin de saison exige une pique modeste en chant. Places pres des guichets, trois males sh s’ebrouent sur leur plateau, leurs femelles de l autre cote de la pique dressent le cou vers le ciel, regardant d’un coup d œil oblique les quelques pluviers qui passent haut. C’est bon signe. Deux couples de siffleurs sont disposes plus haut, une bourre pilet « trois coups pas plus » et deux malons de cv en bout de ligne. Les chanteuses sont disposees vers l arrivage, la cage la plus proche est placee a plus de 100 metres. Les voisins choisissent de mettre du chant, bcp trop a mon gout. C’est le blankaart qu’ils tendent ce soir ! Mais pour l’instant on entend surtout leurs canes colverts. Ils font preuve d’un peu d’audace en mettant trois cages sur notre arrivage et en bout de cette ligne, deux cages supplementaires qui partent en diagonale vers leur installation. Bon, on verra les cocos.
Pds sans histoire, le vent molli un peu. Les bords de mare sont geles, la neige tombe et s accumule sur la glace. Le milieu du clair reste en eau libre, zone d’eau attraillante qui remonte et communique avec la riviere qui deborde sur la mare depuis plusieurs semaines.
Gueuletons et bonne discutes font bon menage, on est parti dans les recits des chasses du passe recent ou plus ancien. On connait par coeur toutes ces histoires, on se les ait déjà racontées bien des fois, mais on en remet une tournee pour le plaisir des reminiscences proustiennes. Des coups d’oeils furtifs et occasionnels aux guichets trahissent notre manque de courage en ce debut de nuit, tres froid. Mais faut bien s’y atteler.
Les veilles commencent, il est un bon 11 heures du soir. Quel temps ideal. Le vent forci, la neige tombe balayee par les bourrasques. Rien du tout. Mon père prend sa veille. Je ne dors pas. C’est l’heure de la maree haute. C’est precisement sur le coup de 2h et demi qu’on commence à entendre des oiseaux. La nuit est sombre, le vent est bruyant, la neige est d’une bonne epaisseur sur la glace. On entend le gemissement un peu sourd et plaintif que fait le vent qui s engoufre entre les hauvents et le guichet. Du dehors, on ne voit que ce qui se plie au vent, les masses de roseaux notamment, et puis le saule a gauche pas trop loin. Les vaguelettes du milieu de mare taquinnent le plumage des sauvagines sur leur plateau. L’ensemble forme un moment sauvage, un peu mythique, d’autant plus que le passage d oiseau se confirme bel et bien. « Ah oui, des courlis ! » Mon collegue est revenu de son lit, le micro l’a reveille. Deballage de limicoles, et en rase motte sur la mare, on a l’impression que tout passe au dessus de notre clair. On entend des paquets de pluviers, becasseaux, courlis, becassines et vanneaux, le cortege est impressionant. Tout d’un coup, une ombre un peu plus grosse se pose dans la neige, sur la glace. Un siffleur, il est seche net. Les grappes de limicoles continuent leur passage, de temps en temps un canard s’en detache pour se poser. Une sarcelle se pose, avec nos malons qui truttent, « Pan, la tete dans l’eau ». Une autre, que l on tue aussi sechement. « Oh putain, tu les entend les siffleurs » Ils sont passes tres vite, il y en avait un enorme paquet. C’est de l’arrivage ou du gibier qu’était cantonne en mer ? On verra bien demain. Il est 3 heures moins le quart, on entend plus un oiseau. Incroyable. Et pourtant il en est passe. Aussi rapidement qu’il s est déclenché, le passage s’est arrete. En tout, un passage d’un quart d’heure. Le reste de la nuit est sans histoire, sinon que le temps reste ideal. La passee du matin nous permet de cueillir deux sh, au coup d’accord. Les voisins n ont pas tire. On les a entendus vers 5 heures du mat, a mettre les cages dans un sens, dans l’autre, ils ont meme lache leur chien dans la nuit qui vient faire notre bordure de mare. Sympa ! Avant de repartir on discute avec eux de la nuit. Ils n’ont rien vu et rien entendu ! Incomprehensible ! Je sais que leur pique était pas tres maline mais quand meme ils auraient du entendre les oiseaux passer. D’ailleurs les echos des autres huttes ne sont pas mirobolants. On s’en tire bien. Je ne comprends pas notre veine, mais je me raisonne en me disant qu un jour on l a et un autre elle est pour les autres…je parle de la veine bien sur, pas de la femme a sarkozy !
Bref, j ai eu l occasion de faire de plus gros tableaux, mais cette nuit reste mon meilleur souvenir. Et tout ca a cause de ce quart d heure insolite, de folie ou on était scotches aux guichets, devinant les vols de limicoles qui passaient bruyamment, rasant la surface de la mare accompagnes ci et la par des vols de canards.
Vu la situation de la hutte, sur un marais de bord de mer, les horaires de marees sont d’une grande importance. Surtout quand le vent vient de la mer comme ce soir. D’apres l’almanach, la maree haute est pour 2h26 sur la cote. On est un peu impatients d’y etre, a 2h26, surtout que c’est une chose bien admise sur notre hutte, il y a rien de meilleur pour nous qu un plein de mer en milieu de nuit. Le soir « ca vaut rien» et le matin c’est un peu mieux, mais c’est pas aussi bien.
La fin de saison exige une pique modeste en chant. Places pres des guichets, trois males sh s’ebrouent sur leur plateau, leurs femelles de l autre cote de la pique dressent le cou vers le ciel, regardant d’un coup d œil oblique les quelques pluviers qui passent haut. C’est bon signe. Deux couples de siffleurs sont disposes plus haut, une bourre pilet « trois coups pas plus » et deux malons de cv en bout de ligne. Les chanteuses sont disposees vers l arrivage, la cage la plus proche est placee a plus de 100 metres. Les voisins choisissent de mettre du chant, bcp trop a mon gout. C’est le blankaart qu’ils tendent ce soir ! Mais pour l’instant on entend surtout leurs canes colverts. Ils font preuve d’un peu d’audace en mettant trois cages sur notre arrivage et en bout de cette ligne, deux cages supplementaires qui partent en diagonale vers leur installation. Bon, on verra les cocos.
Pds sans histoire, le vent molli un peu. Les bords de mare sont geles, la neige tombe et s accumule sur la glace. Le milieu du clair reste en eau libre, zone d’eau attraillante qui remonte et communique avec la riviere qui deborde sur la mare depuis plusieurs semaines.
Gueuletons et bonne discutes font bon menage, on est parti dans les recits des chasses du passe recent ou plus ancien. On connait par coeur toutes ces histoires, on se les ait déjà racontées bien des fois, mais on en remet une tournee pour le plaisir des reminiscences proustiennes. Des coups d’oeils furtifs et occasionnels aux guichets trahissent notre manque de courage en ce debut de nuit, tres froid. Mais faut bien s’y atteler.
Les veilles commencent, il est un bon 11 heures du soir. Quel temps ideal. Le vent forci, la neige tombe balayee par les bourrasques. Rien du tout. Mon père prend sa veille. Je ne dors pas. C’est l’heure de la maree haute. C’est precisement sur le coup de 2h et demi qu’on commence à entendre des oiseaux. La nuit est sombre, le vent est bruyant, la neige est d’une bonne epaisseur sur la glace. On entend le gemissement un peu sourd et plaintif que fait le vent qui s engoufre entre les hauvents et le guichet. Du dehors, on ne voit que ce qui se plie au vent, les masses de roseaux notamment, et puis le saule a gauche pas trop loin. Les vaguelettes du milieu de mare taquinnent le plumage des sauvagines sur leur plateau. L’ensemble forme un moment sauvage, un peu mythique, d’autant plus que le passage d oiseau se confirme bel et bien. « Ah oui, des courlis ! » Mon collegue est revenu de son lit, le micro l’a reveille. Deballage de limicoles, et en rase motte sur la mare, on a l’impression que tout passe au dessus de notre clair. On entend des paquets de pluviers, becasseaux, courlis, becassines et vanneaux, le cortege est impressionant. Tout d’un coup, une ombre un peu plus grosse se pose dans la neige, sur la glace. Un siffleur, il est seche net. Les grappes de limicoles continuent leur passage, de temps en temps un canard s’en detache pour se poser. Une sarcelle se pose, avec nos malons qui truttent, « Pan, la tete dans l’eau ». Une autre, que l on tue aussi sechement. « Oh putain, tu les entend les siffleurs » Ils sont passes tres vite, il y en avait un enorme paquet. C’est de l’arrivage ou du gibier qu’était cantonne en mer ? On verra bien demain. Il est 3 heures moins le quart, on entend plus un oiseau. Incroyable. Et pourtant il en est passe. Aussi rapidement qu’il s est déclenché, le passage s’est arrete. En tout, un passage d’un quart d’heure. Le reste de la nuit est sans histoire, sinon que le temps reste ideal. La passee du matin nous permet de cueillir deux sh, au coup d’accord. Les voisins n ont pas tire. On les a entendus vers 5 heures du mat, a mettre les cages dans un sens, dans l’autre, ils ont meme lache leur chien dans la nuit qui vient faire notre bordure de mare. Sympa ! Avant de repartir on discute avec eux de la nuit. Ils n’ont rien vu et rien entendu ! Incomprehensible ! Je sais que leur pique était pas tres maline mais quand meme ils auraient du entendre les oiseaux passer. D’ailleurs les echos des autres huttes ne sont pas mirobolants. On s’en tire bien. Je ne comprends pas notre veine, mais je me raisonne en me disant qu un jour on l a et un autre elle est pour les autres…je parle de la veine bien sur, pas de la femme a sarkozy !
Bref, j ai eu l occasion de faire de plus gros tableaux, mais cette nuit reste mon meilleur souvenir. Et tout ca a cause de ce quart d heure insolite, de folie ou on était scotches aux guichets, devinant les vols de limicoles qui passaient bruyamment, rasant la surface de la mare accompagnes ci et la par des vols de canards.