evbabs
02/06/2010, 15h50
allez je me lance ...
La date : nuit du jeudi 14 octobre 2004. Le lieu : étang du nord landais de 3 500 ha, en forme de vague triangle isocèle dont la base est parallèle à la dune. Nous, nous sommes situés sur le côté sud, à mi chemin. Lorsque le vent souffle de l’océan, les vagues s’engouffrent vers le sommet du triangle en se resserrant et peuvent taper sérieusement. A partir de 50 à 60 km/h de vent d’ouest ou de nord ouest, on ne peut plus tendre les appelants.
Ce soir là, ver 17h30, j’arrive dans ma superbe et regrettée limousine de marque Renault et de type 4L. D’habitude, on se gare à 300 mètres de la tonne et on s’y rend à pieds, discrètement si possible. Là, le coffre était rempli de sacs de grains de 25 kg et je m’approche donc au plus près de l’installation, soit environ 30 mètres. Je descends souplement, ouvre le coffre et je ne peux que regarder l’envol bruyant d’une vingtaine de cendrées qui était posées à gauche de la tonne, presque à terre à côté de ma parge à oies. Elles disparaissent prestement. Les boules. Bien entendu, cela n’arrive jamais quand on arrive normalement. Bon. Je décharge et rempli les gamelles de mes anatidés, non sans houspiller mon jar Jean-Michel et ses concubines, Aglaé et Sidonie, pour ne pas avoir signalé la présence de leurs congénères sauvages par fax, sms ou autres.
Vu le vent d’ouest assez fort qui souffle et le fait que je dois m’absenter pour cause de repas pédagogique hebdomadaire avec des potes, je décide de ne pas poser oies et canards et de laisser tout le monde en cage. Passée du soir, désespoir. Rien vu, les oies ont disparues, ou du moins elles ne sont pas posées sur notre vaste étang. Vers 20h30, je pars et, comme tous les jeudis soirs de l’époque au local associatif « La Gaougnère », nous refaisons en faisant bonne chère le monde tant cynégétique que festif, que tout d’ailleurs. Vers minuit trente, la panse remplie plus que correctement, retour au pit. Malgré une arrivée digne d’un pisteur comanche, rien à signaler. Si, le vent a forci et le lac se pare de blancs moutons. C’est râpé pour poser les appelants. Donc, dodo digestif en perspective. On verra au matin. Je m’abandonne donc au sommeil du juste, bercé par la pluie qui commence à tomber sévère et le sifflement du vent qui n’a pas l’air de vouloir se calmer, ce con.
03h12 : réveil en sursaut. L’instinct du chasseur ? Il m’a semblé entendre des oies. Le vent doit bien souffler à 100 km/h et la pluie est forte. Rêve ? Contrôle immédiat. J’ouvre un guichet. Waouh ! Cela secoue sec dehors. Pluie, vagues, je n’y vois strictement rien. Donc, jumelles. Coup de bol, je tombe sur un paquet de culs-blancs ballotés par les vagues. Au moins une vingtaine, posées à peine à trente mètres. Serait-ce mes oies de tout à l’heure ? Adrénaline ! J’attrape le canardouze et re-coup de bol je retombe de suite dessus. Dans le U, il n’y a que les culs-blancs de visibles. Brrraaaoouummm ! Dans le tas, les deux coups … sans réfléchir qu’en cas de coups au but, il faudra sortir pour ramasser. Dans le U de la lunette, il me semble voir des ventres blancs flotter entre deux vagues. Pas question de prendre le bateau, ça secoue trop. Je me jette donc dans les wadders, sans chaussettes, en caleçon et tee-shirt, persuadé de prendre l’eau. Normalement on a pied jusqu’à environ 100 mètres mais là, avec les vagues… Direction le ramassage avec une grosse lampe et l’épuisette magique. A mi chemin, coup de lampe et Ô bonheur, au moins trois oies à terre, enfin plutôt à eau. Le sommet des vagues me tape les épaules, mais grâce à un embonpoint naturel non négligeable et des wadders un peu petites, le joint est presque étanche au niveau de la poitrine. Mes 1,90 et ma brève carrière rugbystique me permettent de résister correctement aux assauts sournois des flots. Je n’en mène pas large quand même mais hors de question d’abandonner les oies. Mes efforts sont récompensés, je réussi à récupérer les trois oiseaux qui dérivaient vite vers l’est. Je suis au moins à 50 mètres au large et à droite de la tonne et donne un dernier coup de lampe et surprise, une 4ème oie blessée sans doute me regarde entre deux vagues à environ 20 mètres. Je me dépêche de ramener les trois autres à terre et me lance à la poursuite de l’ansériforme restant. Elle nage vers la tonne de mon voisin de droite, mais au large la bougresse. Je tente de me rapprocher en l’aveuglant de ma puissante torche. Cela marche, 20 mètres, quinze, dix. J’allais l’épuiser (avec l’épuisette) et là : cataclysme ! Le vent force encore, au moins 120 km/h et la pluie se transforme en grêlons de la taille d’une noisette. Les vagues me frappent la tête, et je suis même soulevé une fois par la puissance de l’eau. Je n’ai plus d’autres choix que de battre en retraite devant la colère de mère nature, et vite. Je me dirige tout droit vers la berge la plus proche, la tonne est trop loin. Ouf, enfin la terre. Accroupi derrière un buisson, l’épuisette sur la tête pour me protéger de la grêle, j’attends que l’orage passe. Cela fait mal, la grêle. Je préfère les glaçons sous une autre forme et dans un verre, si possible. La grêle s’arrête mais pas le vent, ni la pluie. Je rentre à la tonne, forcé d’abandonner la 4ème oie. Je ramasse au passage les trois autres … et je rentre faire sécher le type (heureux quand même) et les wadders. Bien entendu, j’ai toujours du change et le chauffage était opérationnel.
Au matin, le vent souffle toujours à environ 80 km/h et la pluie a cessé. Malgré le renfort d’un pote et de son chien, nous n’avons pas retrouvé l’oie qui n’a du son salut qu’à une poignée de seconde pendant la nuit. Depuis, dès que je peux, je suis présent au pit quelque soit le temps durant la saison des oies, mais je n’en ai plus reposé par gros temps. A trois ou quatre reprises on a posé des oies depuis mais, je me souviendrai longtemps de mes oies de tempête.
Babs
La date : nuit du jeudi 14 octobre 2004. Le lieu : étang du nord landais de 3 500 ha, en forme de vague triangle isocèle dont la base est parallèle à la dune. Nous, nous sommes situés sur le côté sud, à mi chemin. Lorsque le vent souffle de l’océan, les vagues s’engouffrent vers le sommet du triangle en se resserrant et peuvent taper sérieusement. A partir de 50 à 60 km/h de vent d’ouest ou de nord ouest, on ne peut plus tendre les appelants.
Ce soir là, ver 17h30, j’arrive dans ma superbe et regrettée limousine de marque Renault et de type 4L. D’habitude, on se gare à 300 mètres de la tonne et on s’y rend à pieds, discrètement si possible. Là, le coffre était rempli de sacs de grains de 25 kg et je m’approche donc au plus près de l’installation, soit environ 30 mètres. Je descends souplement, ouvre le coffre et je ne peux que regarder l’envol bruyant d’une vingtaine de cendrées qui était posées à gauche de la tonne, presque à terre à côté de ma parge à oies. Elles disparaissent prestement. Les boules. Bien entendu, cela n’arrive jamais quand on arrive normalement. Bon. Je décharge et rempli les gamelles de mes anatidés, non sans houspiller mon jar Jean-Michel et ses concubines, Aglaé et Sidonie, pour ne pas avoir signalé la présence de leurs congénères sauvages par fax, sms ou autres.
Vu le vent d’ouest assez fort qui souffle et le fait que je dois m’absenter pour cause de repas pédagogique hebdomadaire avec des potes, je décide de ne pas poser oies et canards et de laisser tout le monde en cage. Passée du soir, désespoir. Rien vu, les oies ont disparues, ou du moins elles ne sont pas posées sur notre vaste étang. Vers 20h30, je pars et, comme tous les jeudis soirs de l’époque au local associatif « La Gaougnère », nous refaisons en faisant bonne chère le monde tant cynégétique que festif, que tout d’ailleurs. Vers minuit trente, la panse remplie plus que correctement, retour au pit. Malgré une arrivée digne d’un pisteur comanche, rien à signaler. Si, le vent a forci et le lac se pare de blancs moutons. C’est râpé pour poser les appelants. Donc, dodo digestif en perspective. On verra au matin. Je m’abandonne donc au sommeil du juste, bercé par la pluie qui commence à tomber sévère et le sifflement du vent qui n’a pas l’air de vouloir se calmer, ce con.
03h12 : réveil en sursaut. L’instinct du chasseur ? Il m’a semblé entendre des oies. Le vent doit bien souffler à 100 km/h et la pluie est forte. Rêve ? Contrôle immédiat. J’ouvre un guichet. Waouh ! Cela secoue sec dehors. Pluie, vagues, je n’y vois strictement rien. Donc, jumelles. Coup de bol, je tombe sur un paquet de culs-blancs ballotés par les vagues. Au moins une vingtaine, posées à peine à trente mètres. Serait-ce mes oies de tout à l’heure ? Adrénaline ! J’attrape le canardouze et re-coup de bol je retombe de suite dessus. Dans le U, il n’y a que les culs-blancs de visibles. Brrraaaoouummm ! Dans le tas, les deux coups … sans réfléchir qu’en cas de coups au but, il faudra sortir pour ramasser. Dans le U de la lunette, il me semble voir des ventres blancs flotter entre deux vagues. Pas question de prendre le bateau, ça secoue trop. Je me jette donc dans les wadders, sans chaussettes, en caleçon et tee-shirt, persuadé de prendre l’eau. Normalement on a pied jusqu’à environ 100 mètres mais là, avec les vagues… Direction le ramassage avec une grosse lampe et l’épuisette magique. A mi chemin, coup de lampe et Ô bonheur, au moins trois oies à terre, enfin plutôt à eau. Le sommet des vagues me tape les épaules, mais grâce à un embonpoint naturel non négligeable et des wadders un peu petites, le joint est presque étanche au niveau de la poitrine. Mes 1,90 et ma brève carrière rugbystique me permettent de résister correctement aux assauts sournois des flots. Je n’en mène pas large quand même mais hors de question d’abandonner les oies. Mes efforts sont récompensés, je réussi à récupérer les trois oiseaux qui dérivaient vite vers l’est. Je suis au moins à 50 mètres au large et à droite de la tonne et donne un dernier coup de lampe et surprise, une 4ème oie blessée sans doute me regarde entre deux vagues à environ 20 mètres. Je me dépêche de ramener les trois autres à terre et me lance à la poursuite de l’ansériforme restant. Elle nage vers la tonne de mon voisin de droite, mais au large la bougresse. Je tente de me rapprocher en l’aveuglant de ma puissante torche. Cela marche, 20 mètres, quinze, dix. J’allais l’épuiser (avec l’épuisette) et là : cataclysme ! Le vent force encore, au moins 120 km/h et la pluie se transforme en grêlons de la taille d’une noisette. Les vagues me frappent la tête, et je suis même soulevé une fois par la puissance de l’eau. Je n’ai plus d’autres choix que de battre en retraite devant la colère de mère nature, et vite. Je me dirige tout droit vers la berge la plus proche, la tonne est trop loin. Ouf, enfin la terre. Accroupi derrière un buisson, l’épuisette sur la tête pour me protéger de la grêle, j’attends que l’orage passe. Cela fait mal, la grêle. Je préfère les glaçons sous une autre forme et dans un verre, si possible. La grêle s’arrête mais pas le vent, ni la pluie. Je rentre à la tonne, forcé d’abandonner la 4ème oie. Je ramasse au passage les trois autres … et je rentre faire sécher le type (heureux quand même) et les wadders. Bien entendu, j’ai toujours du change et le chauffage était opérationnel.
Au matin, le vent souffle toujours à environ 80 km/h et la pluie a cessé. Malgré le renfort d’un pote et de son chien, nous n’avons pas retrouvé l’oie qui n’a du son salut qu’à une poignée de seconde pendant la nuit. Depuis, dès que je peux, je suis présent au pit quelque soit le temps durant la saison des oies, mais je n’en ai plus reposé par gros temps. A trois ou quatre reprises on a posé des oies depuis mais, je me souviendrai longtemps de mes oies de tempête.
Babs