MAS
04/03/2011, 13h50
Ça fait quelques jours qu’il neige, il a neigé dans la nuit de jeudi/vendredi, quelques canards sont arrivés samedi puis avec de nouvelles chutes de neige un bel arrivage de siffleurs dimanche. Par contre les oies ne bougent toujours pas. La neige s’accumule sur la Belgique, les pays bas, l’Allemagne et le Royaume Uni, les grises ne vont pas tarder à bouger que je me dis en ce lundi matin …
Quelques coups de fil, mince le pater a invité des amis à lui à la hutte et me demande de les accompagner ! Moi qui voulait partir à oies avec deux autres compagnons je l’ai dans l’os …
Plusieurs coups de fils dans l’après midi pour les guider, ils n’ont jamais hutté là et d’ailleurs peu hutté tout court, ils n’ont quasi pas d’expérience de la hutte mais sont tout heureux de pouvoir chasser ce soir avec moi. Il faut dire que les 7 vols d’oies vus depuis ce lundi midi leur ont mis la pression visiblement !
17h00 je me tire du boulot et part récupérer ma femme en passant avec qui je fais covoiturage … Les routes sont enneigées, ça bloque de partout et les citadins ont peur ! Moralité ont met quasi 2 heures pour rentrer à la maison j’ai failli étrangler 3 ou 4 chauffards et explosé les tympans de ma chérie une 10 aine de fois tant j’en peux plus de ne pas être encore dans mes parcs en train de récupérer mes oies.
Il a été convenu avec les invités qu’ils prenaient leurs canards et moi mes oies. ça me va bien !!!!
Ma blonde me file un coup de main dans le jardin pour attraper les oies avant de se mettre à faire un bonhomme de neige avec sa fille sur la terasse à la lumière des hallogènes : il y a bien 10 cms de neige là à la maison et il recommence à neiger là alors que je ne suis pas encore parti…
Je saute dans la voiture il est +/- 20h00. J’attrape le téléphone, passe en main libre et compose le numéro de mes 2 veilleurs du jour (…)
« Alors ? je pars à l’instant, j’ai pris mes bétails je me met en route »
« Ben je suis parti chercher à manger là ! »
« Et ton pote est resté tout seul alors ? Ha OK ! Bon je me grouille , j’arrive »
« A tout’ ! »
M’ouais sauf que là même en 4*4 sur l’autoroute, ça neige fort et à 80/90 kms/h je suis pas fier, ça chahute un peu et je conduis avec un œuf entre les pieds et les pédales comme on dit ! Au moindre coup de volant ou coup de frein je suis dans la glissière ou le fossé …. Ouais mais j’ai pas le temps, ça déboule là !!!!!
Merde un texto
Tu tires quoi ?
J’appele l’auteur du texto :
« Ben c’est peut être chez moi que ça tire mais c’est pas moi je suis sur la route !!!! »
Roooooh putain je passe à 22 de tension …. Et je sors seulement de l’autoroute : ben l’autoroute ne faisait que blanchir, les départementales elles ont facile 10 cms de neige sur le bitume !!! Je suis à 60/70 avec le 4*4 et il tient la route, je chasse bien un peu dans les virages mais un 4*4 finalement c’est fait pour ça ! Lol
Je repasse un coup de fil à mes invités : « je suis là dans 15 mn, ça roule mal mais j’avance quand même ! Vous avez tiré tout à l’heure ? »
« comment tu le sais ?!!! «
« Mais lol, je le sais, c’était quoi ? »
« Ben pendant que j’étais parti chercher à manger A a une pose d’un paquet de siffleurs il en fait 3 et là on a eu une pose de 4 siffleurs et 2 chipeaux tout de suite derrière on refait 3 je vais les ramasser »
« ben mes salo ! Vous êtes moulus !!!! »
Je raccroche et je me dis que c’est la chance des débutants ! Pas des crapules mais des débutants !!!
A priori pas d’oies mais ils en ont quasi pas mis à part les cendrées du pater …
J’arrive tant bien que mal dans la petite route derrière la hutte et stoppe la voiture à distance raisonnable de la hutte. Avec la neige et la lune on voit clair comme en plein jour.
Je chope mon sac mon fusil, je reviendrais pour les oies avec eux après.
Je frappe à la porte de la hutte, les laisse fermer les créneaux et on allume la lumière : « salut les d’jeunes ! » lance je pour les mettre à l’aise. Ben merde ils sont bien jeunes !!! peu importe ils sont là heureux d’y être et moi aussi ! Moi c’est MAS, enchanté A, enchanté V !
« Venez me filer un coup de main, on va regarder vos canards et chercher les oies «
La mare est bien gelée, on a un glou de 15*25 à tout casser et la majorité de la mare enneigée. Les berges et la mare enneigée ne font qu’un d’ailleurs et les blettes d’oies à berge se voient comme en plein jour sur ce tapis blanc sous la lune !
On passe sur le pied de hutte, bien, ils ont suivi mes conseils à la lettre pour leurs appelants, ils ont eu de la réussite d’entrée de jeu, ça me fait plaisir pour eux.
On prend un peu de temps pour disposer les oies en cages parmi les blettes à berge, j’en met une dans le glou et envoi A en mission de déneigement des blettes sur pied pendant qu’avec V on déplace un peu les oies du pater.
Il est quasiment 22h00 et on rentre dans la hutte pour manger, ils ont insisté pour que je mange avec eux et qu’ils s’occupent de la bouffe. Un petit apéro vite fait aux créneaux tandis le plat mijote doucement. Il neige depuis 20h00 me disent ils et plus rien depuis la neige. C’est souvent comme ça, les oiseaux ont du mal à voler pendant les averses de neige, on les voit souvent avant et après mais pas pendant ! ca fait partie des mystères de la migration tout ça, j’ai pourtant déjà vu d’énormes boules de siffleurs par tempête de neige et vent de Nord force 7 à 9 en rafales !!!
Pour le moment le passage semble s’être calmé, nous fermons les créneaux et avalons un repas chaud qui nous fait le plus grand bien après cette sortie sous la neige …
Nos assiettes sont pour ainsi dire vides il est presque 23h00 et je coupe brutalement la conversation :
« Ecoutez ! Des rieuses ! »
« Ben quoi c’est les tiennes ?! »
« Ben nan pas là, ça c’est au dessus de la hutte et ça hurle !!! »
On ferme la lumière, nous voilà tous les 3 aux créneaux et on entend clairement un paquet passer assez haut apparement au dessus de la mare mais encore trop haut pour les voir. Nos oies sont déchainées et le paquet répond. Elles partent vers la droite visiblement pour prendre le vent de SE qui balaie la mare de la gauche vers la droite.
« Waouh !!!!! A droite regardez le paquet ! »
20 rieuses à 10 mètres de haut qui piquent sur la mare en voyant les blettes sur la neige à berge à gauche
« Waouh encore : derrière les 20, 30 rieuses », soit en fait un paquet de +/- 50 rieuses qui sont accrochées par l’attelage !!!
La bande passe plusieurs fois au dessus de la mare à 30 mètres en travers, elles cherchent visiblement plus à poser à berge dans les blettes et les oies en cages qui hurlent tout ce qu’elles peuvent. Mes deux compagnons ne bronchent pas, si ça se trouve ils se sont évanouis !
Putain ça pose à berge, ça pose, ça renvole, on voit des oiseaux partout disséminés dans les blettes, ça renvole et ça repose aussi sec 20 ou 30 mètres plus loin dans le champ voisin.
Attention ça revient, c’est encore posé dans les blettes mais un paquet de 10/12 oiseaux est posé un peu à l’écart, tout juste tirable.
« Bon vous les voyez les 12 à l’écart sur la berge ? Changez de douilles, elles sont limites mais à portée ! »
A ne les voit pas bien, elles sont pourtant bien à l’écart des blettes et des appelants
« Vous êtres prêt 1,2, BRAOUM », je vois des oiseaux s’envoler mais j’en vois aussi rester au sol, nous en rattrapons deux à l’envol et A m’avoue ne pas avoir tiré au posé, il n’était pas sûr de lui ! Nous entendons des rieuses s’envoler en chantant de la droite, nous étions tellement hypnotisé par cette important paquet qui tournait devant et qui a posé en partie à gauche qu’on a jamais vu ces oies à droite ! Elles étaient peut être sur le champ au-delà de l’angle mort … Nous les voyons monter au dessus de la mare dans la lune, il y en a 5/6, elles s’en vont vers le Sud.
Nous sortons ramasser de magnifiques rieuses, moitié jeunes moitié vieilles. L’une des vieilles porte un collier et une bague alu à la patte de MOSKVA !!! C’est Moscou : elle a été bagué en Russie !!!
Nous rentrons nos oiseaux dans la hutte et contemplons ce tableau de plein hiver : siffleurs, chipeau et de belles oies rieuses… Nous nous remettons de nos émotions aux créneaux, moi allongé sur le lit donnant sur la mare, ces d’jeunes ils sont en vacances : je bosse moi demain !
A 23h30 une trentaine de rieuses passent au dessus de la mare, elles chantent, nos appelants répondent mais elles ne font même pas un tour, elles filent …
De minuit à 01h00 du matin une rieuse isolée joue avec nos nerfs et pose plusieurs fois à berge hors de portée pour se renvoler chaque fois aussitôt, elle finit par se poser dans le champ en face à plus de 200 m et nous la voyons se coucher sur la neige sous la lune … Cette rieuse me fatigue et je m’enfonce bien profond dans mon duvet laissant les d’jeunes aux créneaux. Je suis à peine de 10 mn les yeux fermés qu’ils me secouent une volée d’oies vient de passer sur la mare arrivant du Sud, les revoilà.
Un petit paquet de rieuses prend le vent et rase la mare ainsi que le blettage pour disparaître à gauche !
« Punaise elles sont parties ! »
Elles papillonnaient au dessus des blettes et on refusé la pose !!!!!!
J’suis dégouté et sors faire prendre l’air au colosse comme dit un de mes potes …. Ouais ben le colosse range le vite fait bien fait parce que les 7 rieuses elles sont là à 30 m à gauche, posées sur la berge dans l’angle mort gauche des créneaux et elles sont cou tendu !!!!
« Elles sont posées à gauche ! Vite grouillez vous !!! »
On se décale tout ce qu’on peut pour les tirer et on en prend chacun une au posé : « braoum, bim, bam, boum, bim » une seule repart !!!!
Nous revenons dans la hutte avec nos prises : chacun 2 rieuses … C’est magnifique. Une rieuse isolée repasse au dessus de la hutte alors que nous rentrons, elle fait quelques tours et s’en va finalement…
Nous en avons pris plein les yeux, plein les oreilles sous la Lune et dans la neige !
A 01h30 une 10 aine de siffleurs viennent à la pose mais remontent, il y a peu de glace et encore moins d’eau. C’est la nuit à oies !!! Les canards ils peuvent passer …
03h00 : un nouveau paquet de canards vient à la pose et repart sans poser, faut dire que les oies à l’attache hurlent au moindre Piaf au dessus de la mare !
Vers 05h30 je comate plus ou moins toujours dans mon duvet et entends la voix de A qui dit « ben c’est quoi ça des canards ?! »
Qu’est ce qu’il me fait celui là, que je me dis. Je me redresse sur le lit, il s’est endormi aux créneaux et là il y a 7 siffleurs au pied de hutte à moins de 10 m des créneaux lol !!!
A moitié mort de rire, je lance « ben ouais que c’est des canards, c’est même des siffleurs !!! »
Nous en avions déjà parlé en milieu de nuit et je leur rappelle que nous nous ne sommes pas obligés de prélever tous ces oiseaux. De toute façon ils sont trop près, je ne souhaite pas les tirer pour le moment. Je leur demande d’attendre qu’il y en ait 3 ou 4 un peu plus loin et de ne pas en tirer plus, d’ailleurs je ne compte pas tirer. Ils doivent un peu se demander ce qui se passe sous ma caboche de Flamand mais qu’importe. Ils s’exécutent et finisssent comme moi je crois par prendre du plaisir à observe le ballet de ces siffleurs dans la clair.
Quatre s’éloignent et ils me font savoir qu’ils souhaitent les tirer : « Allez y je tire pas, si les autres reposent laissez les partir ! »
Ils comptent, une pauvre blarie pose pile devant les siffleurs, BRAOUM, les 4 siffleurs et la blarie passent de vie à trépas … Les 3 siffleurs rescapés reposent à 25 m, je fais un peu de bruit, zou, partis, j’espère loin !
V sors avec la barque ramasser le gibier, il y avait 2 oies posées dans les alentours : elles ont dû décoller aux coups de feu et l’ont salué tandis qu’il était dans la mare, elles sont parties elles aussi…
Quelques canards sont encore passés en fin de nuit au dessus de la mare et pendant la passée du matin sans poser mais c’est bien la première fois que cela me laissait de marbre !
Il ne gèle plus, la neige a cessé de tomber vers 23h00 et lorsque le soleil se lève nous sommes à 1 ° , la neige fond et tombe des buissons virant à la soupe au sol par endroit.
Sur le coup de 10h00 nous commençons à dételler mais à peine dans la mare, V me crie qu’une rieuse vient de se lever des champs à 500 m de là et nous arrive dessus. Je reviens à fond les balais à la hutte et me bat avec ces putains de grand gants néoprènes pas moyen de les enlever pour tirer ! Au final pour rien, l’oie ne vient pas suffisament près …
Je remet les gants, repose le fusil, attend 5 mn, rien ne vole, je repars dans la mare.
Je fais 10 m et lève la tête en entendant une volée de rieuses en approche !!!!
Putain, c’est pas possible, elles font exprès ! Redemi tour, course dans la mare en pipotant avec The appeau Acrylique dernier cri, elles viennent !!! J’arrive derrière la hutte, je pipote encore un peu, elles cassent des ailes. J’arrache en force les gants de mes mains pour pouvoir tirer. V me tend mon fusil « tiens il est chargé avec des grosses douilles » (il est bien ce V !)
J’arrête de rappeler la volée, elles sont en bout de flaque et prises par l’attelage, elles virent droit sur nous, il y en a 11. Encore des rieuses. On se planque sous le filet de camouflage : « maintenant !!! »
La volée est au dessus de nous, fuyante vers l’Est à 30 m de haut.
Purée mon 1 er coup percute pas, je secoue ma culasse, éjecte la douille, la suivante monte.
V rate son 1 er coup
Je réépaule, PAN, mon oie bascule tandis que de son 2 eme coup V bascule la sienne aussi, quasi en même temps, magnifique scène de chasse …A n’a pas tiré, il avait rangé son fusil.
Nous courrons comme des dératés, les 2 oies semblaient désailées, elles sont tombées en pâture à coté de la mare, nous les attrapons après une brève course poursuite, et elles rendent leur dernier souffle toutes les deux dans nos mains. Nos tirs étaient justes, elles n’étaient pas simplement désailées.
Lors de la demi heure qui suivit nous vimes encore pas mal d’oiseaux, sans occasion de tirs, que nous ne les cherchions plus vraiment ceci dit, nous avions largement eu notre part de rêve.
Et concrétisé cette nuit là un de mes plus beaux souvenirs de chasse à l’oie.
Quelques coups de fil, mince le pater a invité des amis à lui à la hutte et me demande de les accompagner ! Moi qui voulait partir à oies avec deux autres compagnons je l’ai dans l’os …
Plusieurs coups de fils dans l’après midi pour les guider, ils n’ont jamais hutté là et d’ailleurs peu hutté tout court, ils n’ont quasi pas d’expérience de la hutte mais sont tout heureux de pouvoir chasser ce soir avec moi. Il faut dire que les 7 vols d’oies vus depuis ce lundi midi leur ont mis la pression visiblement !
17h00 je me tire du boulot et part récupérer ma femme en passant avec qui je fais covoiturage … Les routes sont enneigées, ça bloque de partout et les citadins ont peur ! Moralité ont met quasi 2 heures pour rentrer à la maison j’ai failli étrangler 3 ou 4 chauffards et explosé les tympans de ma chérie une 10 aine de fois tant j’en peux plus de ne pas être encore dans mes parcs en train de récupérer mes oies.
Il a été convenu avec les invités qu’ils prenaient leurs canards et moi mes oies. ça me va bien !!!!
Ma blonde me file un coup de main dans le jardin pour attraper les oies avant de se mettre à faire un bonhomme de neige avec sa fille sur la terasse à la lumière des hallogènes : il y a bien 10 cms de neige là à la maison et il recommence à neiger là alors que je ne suis pas encore parti…
Je saute dans la voiture il est +/- 20h00. J’attrape le téléphone, passe en main libre et compose le numéro de mes 2 veilleurs du jour (…)
« Alors ? je pars à l’instant, j’ai pris mes bétails je me met en route »
« Ben je suis parti chercher à manger là ! »
« Et ton pote est resté tout seul alors ? Ha OK ! Bon je me grouille , j’arrive »
« A tout’ ! »
M’ouais sauf que là même en 4*4 sur l’autoroute, ça neige fort et à 80/90 kms/h je suis pas fier, ça chahute un peu et je conduis avec un œuf entre les pieds et les pédales comme on dit ! Au moindre coup de volant ou coup de frein je suis dans la glissière ou le fossé …. Ouais mais j’ai pas le temps, ça déboule là !!!!!
Merde un texto
Tu tires quoi ?
J’appele l’auteur du texto :
« Ben c’est peut être chez moi que ça tire mais c’est pas moi je suis sur la route !!!! »
Roooooh putain je passe à 22 de tension …. Et je sors seulement de l’autoroute : ben l’autoroute ne faisait que blanchir, les départementales elles ont facile 10 cms de neige sur le bitume !!! Je suis à 60/70 avec le 4*4 et il tient la route, je chasse bien un peu dans les virages mais un 4*4 finalement c’est fait pour ça ! Lol
Je repasse un coup de fil à mes invités : « je suis là dans 15 mn, ça roule mal mais j’avance quand même ! Vous avez tiré tout à l’heure ? »
« comment tu le sais ?!!! «
« Mais lol, je le sais, c’était quoi ? »
« Ben pendant que j’étais parti chercher à manger A a une pose d’un paquet de siffleurs il en fait 3 et là on a eu une pose de 4 siffleurs et 2 chipeaux tout de suite derrière on refait 3 je vais les ramasser »
« ben mes salo ! Vous êtes moulus !!!! »
Je raccroche et je me dis que c’est la chance des débutants ! Pas des crapules mais des débutants !!!
A priori pas d’oies mais ils en ont quasi pas mis à part les cendrées du pater …
J’arrive tant bien que mal dans la petite route derrière la hutte et stoppe la voiture à distance raisonnable de la hutte. Avec la neige et la lune on voit clair comme en plein jour.
Je chope mon sac mon fusil, je reviendrais pour les oies avec eux après.
Je frappe à la porte de la hutte, les laisse fermer les créneaux et on allume la lumière : « salut les d’jeunes ! » lance je pour les mettre à l’aise. Ben merde ils sont bien jeunes !!! peu importe ils sont là heureux d’y être et moi aussi ! Moi c’est MAS, enchanté A, enchanté V !
« Venez me filer un coup de main, on va regarder vos canards et chercher les oies «
La mare est bien gelée, on a un glou de 15*25 à tout casser et la majorité de la mare enneigée. Les berges et la mare enneigée ne font qu’un d’ailleurs et les blettes d’oies à berge se voient comme en plein jour sur ce tapis blanc sous la lune !
On passe sur le pied de hutte, bien, ils ont suivi mes conseils à la lettre pour leurs appelants, ils ont eu de la réussite d’entrée de jeu, ça me fait plaisir pour eux.
On prend un peu de temps pour disposer les oies en cages parmi les blettes à berge, j’en met une dans le glou et envoi A en mission de déneigement des blettes sur pied pendant qu’avec V on déplace un peu les oies du pater.
Il est quasiment 22h00 et on rentre dans la hutte pour manger, ils ont insisté pour que je mange avec eux et qu’ils s’occupent de la bouffe. Un petit apéro vite fait aux créneaux tandis le plat mijote doucement. Il neige depuis 20h00 me disent ils et plus rien depuis la neige. C’est souvent comme ça, les oiseaux ont du mal à voler pendant les averses de neige, on les voit souvent avant et après mais pas pendant ! ca fait partie des mystères de la migration tout ça, j’ai pourtant déjà vu d’énormes boules de siffleurs par tempête de neige et vent de Nord force 7 à 9 en rafales !!!
Pour le moment le passage semble s’être calmé, nous fermons les créneaux et avalons un repas chaud qui nous fait le plus grand bien après cette sortie sous la neige …
Nos assiettes sont pour ainsi dire vides il est presque 23h00 et je coupe brutalement la conversation :
« Ecoutez ! Des rieuses ! »
« Ben quoi c’est les tiennes ?! »
« Ben nan pas là, ça c’est au dessus de la hutte et ça hurle !!! »
On ferme la lumière, nous voilà tous les 3 aux créneaux et on entend clairement un paquet passer assez haut apparement au dessus de la mare mais encore trop haut pour les voir. Nos oies sont déchainées et le paquet répond. Elles partent vers la droite visiblement pour prendre le vent de SE qui balaie la mare de la gauche vers la droite.
« Waouh !!!!! A droite regardez le paquet ! »
20 rieuses à 10 mètres de haut qui piquent sur la mare en voyant les blettes sur la neige à berge à gauche
« Waouh encore : derrière les 20, 30 rieuses », soit en fait un paquet de +/- 50 rieuses qui sont accrochées par l’attelage !!!
La bande passe plusieurs fois au dessus de la mare à 30 mètres en travers, elles cherchent visiblement plus à poser à berge dans les blettes et les oies en cages qui hurlent tout ce qu’elles peuvent. Mes deux compagnons ne bronchent pas, si ça se trouve ils se sont évanouis !
Putain ça pose à berge, ça pose, ça renvole, on voit des oiseaux partout disséminés dans les blettes, ça renvole et ça repose aussi sec 20 ou 30 mètres plus loin dans le champ voisin.
Attention ça revient, c’est encore posé dans les blettes mais un paquet de 10/12 oiseaux est posé un peu à l’écart, tout juste tirable.
« Bon vous les voyez les 12 à l’écart sur la berge ? Changez de douilles, elles sont limites mais à portée ! »
A ne les voit pas bien, elles sont pourtant bien à l’écart des blettes et des appelants
« Vous êtres prêt 1,2, BRAOUM », je vois des oiseaux s’envoler mais j’en vois aussi rester au sol, nous en rattrapons deux à l’envol et A m’avoue ne pas avoir tiré au posé, il n’était pas sûr de lui ! Nous entendons des rieuses s’envoler en chantant de la droite, nous étions tellement hypnotisé par cette important paquet qui tournait devant et qui a posé en partie à gauche qu’on a jamais vu ces oies à droite ! Elles étaient peut être sur le champ au-delà de l’angle mort … Nous les voyons monter au dessus de la mare dans la lune, il y en a 5/6, elles s’en vont vers le Sud.
Nous sortons ramasser de magnifiques rieuses, moitié jeunes moitié vieilles. L’une des vieilles porte un collier et une bague alu à la patte de MOSKVA !!! C’est Moscou : elle a été bagué en Russie !!!
Nous rentrons nos oiseaux dans la hutte et contemplons ce tableau de plein hiver : siffleurs, chipeau et de belles oies rieuses… Nous nous remettons de nos émotions aux créneaux, moi allongé sur le lit donnant sur la mare, ces d’jeunes ils sont en vacances : je bosse moi demain !
A 23h30 une trentaine de rieuses passent au dessus de la mare, elles chantent, nos appelants répondent mais elles ne font même pas un tour, elles filent …
De minuit à 01h00 du matin une rieuse isolée joue avec nos nerfs et pose plusieurs fois à berge hors de portée pour se renvoler chaque fois aussitôt, elle finit par se poser dans le champ en face à plus de 200 m et nous la voyons se coucher sur la neige sous la lune … Cette rieuse me fatigue et je m’enfonce bien profond dans mon duvet laissant les d’jeunes aux créneaux. Je suis à peine de 10 mn les yeux fermés qu’ils me secouent une volée d’oies vient de passer sur la mare arrivant du Sud, les revoilà.
Un petit paquet de rieuses prend le vent et rase la mare ainsi que le blettage pour disparaître à gauche !
« Punaise elles sont parties ! »
Elles papillonnaient au dessus des blettes et on refusé la pose !!!!!!
J’suis dégouté et sors faire prendre l’air au colosse comme dit un de mes potes …. Ouais ben le colosse range le vite fait bien fait parce que les 7 rieuses elles sont là à 30 m à gauche, posées sur la berge dans l’angle mort gauche des créneaux et elles sont cou tendu !!!!
« Elles sont posées à gauche ! Vite grouillez vous !!! »
On se décale tout ce qu’on peut pour les tirer et on en prend chacun une au posé : « braoum, bim, bam, boum, bim » une seule repart !!!!
Nous revenons dans la hutte avec nos prises : chacun 2 rieuses … C’est magnifique. Une rieuse isolée repasse au dessus de la hutte alors que nous rentrons, elle fait quelques tours et s’en va finalement…
Nous en avons pris plein les yeux, plein les oreilles sous la Lune et dans la neige !
A 01h30 une 10 aine de siffleurs viennent à la pose mais remontent, il y a peu de glace et encore moins d’eau. C’est la nuit à oies !!! Les canards ils peuvent passer …
03h00 : un nouveau paquet de canards vient à la pose et repart sans poser, faut dire que les oies à l’attache hurlent au moindre Piaf au dessus de la mare !
Vers 05h30 je comate plus ou moins toujours dans mon duvet et entends la voix de A qui dit « ben c’est quoi ça des canards ?! »
Qu’est ce qu’il me fait celui là, que je me dis. Je me redresse sur le lit, il s’est endormi aux créneaux et là il y a 7 siffleurs au pied de hutte à moins de 10 m des créneaux lol !!!
A moitié mort de rire, je lance « ben ouais que c’est des canards, c’est même des siffleurs !!! »
Nous en avions déjà parlé en milieu de nuit et je leur rappelle que nous nous ne sommes pas obligés de prélever tous ces oiseaux. De toute façon ils sont trop près, je ne souhaite pas les tirer pour le moment. Je leur demande d’attendre qu’il y en ait 3 ou 4 un peu plus loin et de ne pas en tirer plus, d’ailleurs je ne compte pas tirer. Ils doivent un peu se demander ce qui se passe sous ma caboche de Flamand mais qu’importe. Ils s’exécutent et finisssent comme moi je crois par prendre du plaisir à observe le ballet de ces siffleurs dans la clair.
Quatre s’éloignent et ils me font savoir qu’ils souhaitent les tirer : « Allez y je tire pas, si les autres reposent laissez les partir ! »
Ils comptent, une pauvre blarie pose pile devant les siffleurs, BRAOUM, les 4 siffleurs et la blarie passent de vie à trépas … Les 3 siffleurs rescapés reposent à 25 m, je fais un peu de bruit, zou, partis, j’espère loin !
V sors avec la barque ramasser le gibier, il y avait 2 oies posées dans les alentours : elles ont dû décoller aux coups de feu et l’ont salué tandis qu’il était dans la mare, elles sont parties elles aussi…
Quelques canards sont encore passés en fin de nuit au dessus de la mare et pendant la passée du matin sans poser mais c’est bien la première fois que cela me laissait de marbre !
Il ne gèle plus, la neige a cessé de tomber vers 23h00 et lorsque le soleil se lève nous sommes à 1 ° , la neige fond et tombe des buissons virant à la soupe au sol par endroit.
Sur le coup de 10h00 nous commençons à dételler mais à peine dans la mare, V me crie qu’une rieuse vient de se lever des champs à 500 m de là et nous arrive dessus. Je reviens à fond les balais à la hutte et me bat avec ces putains de grand gants néoprènes pas moyen de les enlever pour tirer ! Au final pour rien, l’oie ne vient pas suffisament près …
Je remet les gants, repose le fusil, attend 5 mn, rien ne vole, je repars dans la mare.
Je fais 10 m et lève la tête en entendant une volée de rieuses en approche !!!!
Putain, c’est pas possible, elles font exprès ! Redemi tour, course dans la mare en pipotant avec The appeau Acrylique dernier cri, elles viennent !!! J’arrive derrière la hutte, je pipote encore un peu, elles cassent des ailes. J’arrache en force les gants de mes mains pour pouvoir tirer. V me tend mon fusil « tiens il est chargé avec des grosses douilles » (il est bien ce V !)
J’arrête de rappeler la volée, elles sont en bout de flaque et prises par l’attelage, elles virent droit sur nous, il y en a 11. Encore des rieuses. On se planque sous le filet de camouflage : « maintenant !!! »
La volée est au dessus de nous, fuyante vers l’Est à 30 m de haut.
Purée mon 1 er coup percute pas, je secoue ma culasse, éjecte la douille, la suivante monte.
V rate son 1 er coup
Je réépaule, PAN, mon oie bascule tandis que de son 2 eme coup V bascule la sienne aussi, quasi en même temps, magnifique scène de chasse …A n’a pas tiré, il avait rangé son fusil.
Nous courrons comme des dératés, les 2 oies semblaient désailées, elles sont tombées en pâture à coté de la mare, nous les attrapons après une brève course poursuite, et elles rendent leur dernier souffle toutes les deux dans nos mains. Nos tirs étaient justes, elles n’étaient pas simplement désailées.
Lors de la demi heure qui suivit nous vimes encore pas mal d’oiseaux, sans occasion de tirs, que nous ne les cherchions plus vraiment ceci dit, nous avions largement eu notre part de rêve.
Et concrétisé cette nuit là un de mes plus beaux souvenirs de chasse à l’oie.