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Afficher la version complète : Et un et deux, et trois Rieuses !



MAS
14/12/2012, 11h11
Plusieurs jours que nous sommes sous et dans la neige : des rieuses et des nonettes à gogo, du stationnement hallucinant dans le calaisis. C’est juste énorme ! Hier midi en repartant de la hutte les siffleurs se comptaient par centaines sur le canal, les coups de fils pleuvent, mon téléphone est rouge vif, je crains le crash disque …:G

Nous sommes mercredi et la nuit de lundi m’a fait vivre un rêve : tomber dans LA NUIT A OIES !!! une nuit qui s’est soldée par des souvenirs inoubliables de volées de rieuses hurlantes sur la mare en arrivant à la pose sous la lune. Je n’y tiens plus et le brouillard se levant en ce mercredi après midi, je passe quelques coups de fils et ce soir j’y retourne avec Séb et Nico à oies, rien qu’à oies, ils sont prévenus ! La nuit dernière le brouillard a semble t il tout bloqué mais les oiseaux sont là et on été vu quand le brouillard le permettait encore en nombre dans les bonnes cabanes du secteur.

Le pater est au taquet et profite de sa retraite pour prélever quelques canards lui aussi, après avoir attrapé mes oies à la maison je me met en route et lui passe un coup de fil : alors t’as vu quoi aujourd’hui ?

« Ben jusqu’à 15-16h brouillard terrible et là ça se lève, je viens de faire 3 chipeaux à la volée du soir, 3/3 ! »

« Ok, je suis en route, Nico et Séb me suivent, on sera là vers 20h »

« ha bon ben je vous laisse, je dors dans mon lit moi ! »

Le pater nous laisse la hutte pour la nuit, on sera 3 c’est amplement suffisant, les ébats de groupe, très peu pour moi de toute façon, se retrouver à 5 ou 6 dans une hutte aussi grande soit elle, chacun son truc, j’aime pas ça… faire des tours, s’obliger à veiller etc, il n’y a pas de plaisir là dedans. Je préfère dormir si je suis seul et me faire réveiller par les canes ou rater du gibier, tant mieux pour lui et tant pis pour moi ! Au moins quand je suis aux créneaux je vois les poses ou entends les appels allongé sur la couchette un oreiller appuyé sur le bord du créneau. Me faire réveiller dans une autre pièce en ayant rien vu arriver n’a définitivement pas le même charme …

Du coup je dors peu à la hutte et suis cramé après chaque nuit ! Trève de réflexions métaphysiques, chacun voit midi à sa porte ! J’arrive dans le chemin de la hutte le coffre plein de mes grises et il est 20h15, putain de boulot de brun qui me fait arriver à pas d’heure à chaque fois quand je bosse l’après-midi, mais bon faut bien payer les factures à la fin du mois …
Je me gare à 40 m de la hutte et prend mon sac à dos, le fusil et mes appeaux à oies qui sont toute l’année dans ma portière de 4*4 lol. Ils sont plus d’un sur l’A25 à m’avoir vu en train de pouiquer comme un malade à rieuses dans les embouteillages ! Faut bien s’entrainer de temps en temps pour pas perdre la main !!!
Je fais les quelques mètres à pied jusqu’à la hutte, je fouille mes poches à la recherche de la clé de la hutte. Merde c’est pas la bonne, nouvel essai, c’est bon la serrure tourne, la porte s’ouvre, une grande marche et je pose mes affaires dans la hutte. Je referme la lumière et m’assied aux créneaux : la mare est vide, pas de gibier, le fond de mare est toujours gelé et enneigé en partie. Il a fait moins froid hier et ce matin, le glou s’est un peu aggrandi et fait +/- 35 m de large sur 30 de long, il va presque à berge à gauche.

La pleine lune était avant-hier, avec la neige encore bien présente on voit parfaitement bien. Bon allez je me bouge ! je referme les trappes, prend ma frontale et sors de la hutte.

Des rieuses ! J’entends un paquet de rieuses en direction du fond de mare ! Je chope le « grind » et GLIGLICK ! GLIGLICK ! GLIGLICK ! Purée, ça répond direct et viens vers moi ! Le paquet se rapproche, je ne le voit pas, bizarrement malgré la clarté ambiante, le paquet m’arrive droit dessus mais je ne parviens pas à les distinguer. Elles passent pile sur moi et sur la hutte !!! Et …… ne tournent pas, elles filent plein Est et ne daignent même pas faire un tour.

Je suis passé direct de 80 à 180 pulsations minutes et à 22 de tension ! Purée ! Je rush vers la voiture, j’arrache en force la caisse des oies et la jette sur la brouette.

Allez ! Go ! Go !

P’tin ça déboulle en rieuse, ça fait pas 10 mn que je suis là déjà une bande sur la tête, j’en peux plus je suis en nage sur la berge en train de positionner mes oies en cages.

Des phares : Nico et Séb qui arrivent quasi en même temps. Je vais à leur rencontre : »je viens de me prendre un paquet de rieuses pile sur moi ! Je les fais venir au pipo droit sur la hutte et j’avais rien attelé encore, elles sont parties… »

Nico : »nan, c’est bon ça ! »

Séb a pris ses oies aussi et il me rejoint dans la pature au milieu des blettes et des cages avec ses grises. On garde des femelles plus calmes pour mettre à l’eau, on met un CC dans l’eau et aucun sauvage, on est à oies quoi ! On met vite fait quelques chanteuses à 100 m en face, le vent est NE faible et on entend tirer de temps en temps au loin. Ça bouge toujours, pas de doute, oies ou canards on ne sait pas, les voisins sont trop loins mais ça tire !

Voilà il est 21h30, on est dans la hutte, tout est en place.
On se sert vite fait un apéro et je suis énervé : « vas y verse et aux créneaux, pas question de rester à faire les cons et ne pas être aux trappes ! »

22h00 : pose de 2 colverts, ils sont à glace, quasi dans l’axe de la court cri, on tire pas, pas question. Ils bougent mais sont maintenant dans l’axe des oies, pfiuuu on est pas rendu là …
Bon on va remettre une oie en plus à l’eau tant pis pour les cols ! je prend la barque et rentre dans le glou, les colverts se barrent, je m’en fout un peu… L’oie m’asperge copieusement, j’ai bien fait de mettre les waders pour la barque ! on rentre dans la hutte, le temps est calme, léger vent de NE. On mange vite fait un casse dalle, j’ai les nerfs des nuits qui partent mal…

Ça chante pas, les oies ne disent pas grand-chose, pourtant il y en a quelques unes avec nos deux jeux !

22h45 : pose un siffleur, punaise, renvolé de suite !

Pause clop dehors pour Séb, je le rejoins et traine un peu derrière la hutte à écouter les bruits de la nuit. Un chien aboie loin. C’est calme, trop calme, j’aime pas ça …

Rieuse !

J’entends une femelle de rieuse qui rappel loin au nord, elle s’éloigne, une femelle toute seule, elle chante un coup de temps en temps, je tente quelques coups de pipeaux. En vain …

Je rentre dans la hutte : »Il y avait une rieuse toute seule loin au nord qui tournait, elle est partie …. »

Séb : » pfiuu, elles chantent pas les oies ! »

Moi : « ouais, je sors, je vais les bouges, elles font chier là, ça va pas »
Et me v’là dehors sous la lune au milieu de l’attache à oies à bouger les jars pour les éloigner un peu plus de leurs femelles et les faire chanter. Raaah les truies, elles tapent un peu mais pas grand-chose encore … Je reviens vers la hutte et à mi chemin je m’arrête : une bande !
Des rieuses, un beau paquet qui nous arrive droit dessus en direction du village !

Je pars en courrant, direction la hutte en chopant mon appeau à riri qui pendouille autour de mon cou ! J’ouvre la porte : des rieuses !
« ouais on les a entendu arriver derrière toi ! »

Je reste un peu à la porte pour les rappeler à l’appeau : c’est bon elles prennent la mare, les appelants tapent dessus !

Je rentre et trouve mes deux gaillards scotchés aux créneaux : Nico a les genoux qui cognent et séb a les dents enfoncés dans le bas du créneau !
Punaise le paquet arrive droit sur nous, quelques oies à l’attache tape dessus mais c’est pas intense, elles accrochent pas, bizarre… Elles viennent pour tomber au glou à 30 m en face. Elles sont serrées, ça y est ça pose, des pattes touchent l’eau, une est à l’eau. Trop serrées, trop nombreuses, ça remonte, un vacarme du diable juste en face, ratées, elles prennent le champ et semblent partir.

Je bondis dehors, « GLIK GLIK », je tape comme un furieux à l’appeau !
Elles font demi tour sur le champ au nord, c’est bon, elles reprennent la mare : quelques cages tapent dessus, ça accroche, un peu, pas fort, ça y est.

C’est devant, non, ça remonte, je pipote toujours comme un dingue, elles me passent sur la tronche à 7 ou 8 m de haut !

Je suis sous un filet de camouflage collé à la hutte, je les vois me passer à toucher ! Chaque fois sur la mare je laisse faire nos oies et elles remontent… Dans la hutte, porte entre-ouverte j’entend pas un bruit !
Elles repartent sur la droite, je les reprends à l’appeau et elles reviennent encore ! Pas moyen, chaque fois un petit paquet met les pattes à l’eau et ça remonte ! Et chaque fois elles me passent à moins de 10 m au dessus !

J’en peux plus …

Elles prennent de plus en plus loin leur virage et les appelants chantent de moins, je les tenais à l’appeau et rien qu’à l’appeau.
Elles s’éloignent, j’suis vert, pas moyen.

Je rentre dans la hutte : »elles sont parties ! »

Nico : « j’ai cru que t’allais les faire poser sur toi ! »

Moi « ******ries d’oies, pas moyen qu’elles chantent les notres ! je comprend pas, il y a deux jours elles étaient dingues et lachaient rien, là que dalle… »

Séb me regarde dépité : « à chaque fois une ou deux posaient et le reste remontait et les emmenait… »

Elles ont bien fait 10 tours avant de se barrer ! Il y en avait entre 20 et 30, je les ai eu je ne sais pas combien de fois à quelques mètres au dessus de moi avec la lune. Sous mon filet elles ne me voyaient pas …
C’est un truc de dingue me dit Nico ! Je le sens retourné par ce qui vient de se passer, il ne peut pas dire grand-chose tant ça l’a secoué !
Je crois qu’il commence à comprendre ma passion pour les oies …
Si j’avais eu un fusil, je pouvais les tirer 10 fois dans le ciel blanchatre sous la lune … mais on joue la pose et ses émotions. La vache … ce paquet de rieuses ….

Je suis dans la hutte à moitié tremblant d’émotion et essaie de me calmer. Nico et séb sont au taquet et me proposent dormir un peu, ils vont veiller !

Je finis par tomber dans les bras de morphée (la ****** !) et n’entends plus rien de leur conversation.
00h45 : des rieuses !

Purée, je gicle du sac de couchage et me retrouve debout à coté de Nico.
« hein, quoi, elles sont ou ? »

« trois rieuses, elles tournent, on les a vu arriver très basses du Sud »
Oh putain, oui, je les vois : trois rieuses qui prennent la mare à 4 ou 5 m de haut. Elles prennent le font de mare et cette fois, ça hurle, toutes nos oies les accrochent, c’est impressionnant !

Elles sont scotchées et papillonent à 25 m devant à gauche au dessus de 3 de nos oies qui sont à berge : « elles vont poser dans les cages ! »
Non !
Elles remontent et font un tour, elles sont aimantées là à gauche et cherche à poser dans un mouchoir de poche au milieu de 3 de nos femelles de rieuses à berge qui hurlent à tout péter en voyant les 3 sauvages au dessus d’elles à 3 mètres de haut !
Putain, c’est pas possible, elles vont tomber dans les cages.

Séb : « ouais elles sont scotchées là sur les 3 en cages !!! »

Elles tournent depuis 2 ou 3 minutes là maintenant, c’est pas possible, on a tous les 3 notre fusil déjà en main.
Attention, elles reviennent : « là ça y est posées ! Elles y sont ! Devant les blettes ! »
« Vous êtes prêts ? !»

Les 3 rieuses se sont jetées dans l’eau à quelques mètres de la berge et des 3 appelants qui les attirent tant depuis de nombreux tours ! Elles sont à moins de 25 mètres juste devant un paquet de blettes flottentes de grises !

« Chacun la sienne ! Sécurité »
Tout va très vite, huttiers expérimentés.
« Prêt ? un ! Deux ! Braaoum ! »

Et là plus rien …

Le calme soudain, rien qui bouge, rien qui décolle. Les trois rieuses sont couchées sur l’eau.

« C’est bon ça ! » lance l’un d’entre nous !

Je suis fou, je me jette sur mes bottes et sors, saute dans la barque et file vers les 3 magnifiques oiseaux que nous venons de tirer …
Elles sont mortes, à cette distance, les blettes ont surement pris cher aussi !

Je met les 3 oies dans la barque. Mes compères sont sur le pied de hutte et m’attendent en piaffant d’impatience, je leur tend les3 rieuses : deux vieilles, une jeune.

Nous entendons une belle rafale au nord, le passage bat sans doute son plein encore à canards mais je m’en fout ! Ils peuvent tirer tous les canards qu’ils veulent, c’est pas grave…

C’est ma saison, ma saison à oies, je suis heureux.

Nous rentrons dans la hutte, elles n’ont pas souffert, elles sont criblées.

De magnifiques oiseaux poussés dans nos contrées par la neige sur l’Europe du Nord. Nous les prenons en photos et après avoir revécu la pose 10 fois dans la hutte je me couche du sommeil du juste. J’ai fait plusieurs nuits cette semaine tout en bossant et j’ai du mal…
A 03h00 : 15 siffleurs viennent à la pose mais refusent la mare
05h15 tout le monde réveillé, on bosse tous, séb doit partir. Je me met aux créneaux le temps qu’il enfile ses bottes. Ça force ! Purée : 4 siffleurs ! Posés !

« Séb, Nico, ferme la porte, posé ! »
On prend les fusils : vlouuuuf ! Renvolés !
« merde ! »

Séb sort fumer une clope. Nous refermons les créneaux et rangeons nos sacs. Une nouvelle alerte nous fige dans la hutte. Lumière éteinte
Aux créneaux : « attention un paquet ! »

Une 10 aine de siffleurs prennent le vent et viennent à la pose : purée, barrés ! décidément ….

En même temps on est pas attelé à canards lol !
Allez on y va, on sort, il est 05h55. J’arrive dans le blettage à oies, un siffleur s’envole à moins de 10 m de moi ! Ben merde ! Je me retourne vers Nico qui me suivait un peu plus loin.

« hé nico, y avait un siffleur dans les blettes d’oies à berge !!! »

Un bref conciliabule, on a fait notre nuit avec ces trois rieuses, c’est ce qu’on voulait, prélever encore quelques oiseaux roi avant qu’ils ne filent vers la Belgique ou les Pays Bas. Le gros paquet nous en a mis plein les yeux pour plusieurs années !

On ramasse tout et on y va, et je crois que mes collègues de boulot vont me trouver un peu pâle encore aujourd’hui …..

YV40
14/12/2012, 11h46
Bravo Mas,super récit et bien raconté.On a toujours de trés belles émotions et de bons souvenirs quand on voit des oies :C

kikikik
14/12/2012, 11h46
C'est biiiiiiiiiooooo! :C

N'empêche y'a un soucis dans l'attache pour le paquet qui refuse. Ca va je rigole!

MAS
14/12/2012, 11h47
je le connais le soucis : c'est l'attache à oies :C

kanfois-nath
14/12/2012, 11h47
rhaaaaaaaaaaaaaaa m'tension merde!!!:C

OPPORTUN62
14/12/2012, 11h57
Idem planqué derrière un filet de camoufflage avec des riri à 15m... ça stimule ! Très beau récit Mas !!

cotré62
14/12/2012, 11h57
quel récit mas :C
mi des émotions a répétition comme ça je meurt j'crois :))

MAS
14/12/2012, 11h57
ouais c'est vrai ça : faudrait que je mette un avertissement avant de débuter un récit !

sujets fragiles s'abstenir :))

OPPORTUN62
14/12/2012, 11h59
ouais c'est vrai ça : faudrait que je mette un avertissement avant de débuter un récit !

sujets fragiles s'abstenir :)) Va falloir un modo pour ché cardiaques ;)

kanfois-nath
14/12/2012, 12h01
merci:)
bon je va me coutcher,,,v faire de beaux rêves je crois!!!:C

chourdé
14/12/2012, 12h03
genial :C Je m'y croyais !!! :C merci MAS ;)

MAS
14/12/2012, 12h21
ben on va dire c'est ma façon à moi de vous faire rêver quand vous me faites rêver avec votre Baie de Somme depuis que je suis tout gamin ;)

virgil
14/12/2012, 12h25
Tres beau recit.
Dirr que j'attend ca depuis plusieur annee.
Un jour viendra...

souchet.14
14/12/2012, 12h29
ca fait rever

ch.guigui
14/12/2012, 12h44
vraiment magnifique ce récit mas content pour vous ;) et c était cette année

BEBERT80
14/12/2012, 12h45
Mas.............le retour!!!!! ENFINnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn!!!!:C

m'en lasse po de tes récits!!!;)

MAS
14/12/2012, 12h56
non pas cette année, un m/j, du 22 au 23 decembre 2010 ....

tiululu
14/12/2012, 15h38
toujours nickel , comme d hab !!:C