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Sujet : Passion

  1. #1
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    novembre 2003
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    La chasse du gibier d'eau est pour moi une passion.
    Et comme toutes les passions elle comporte son lot d'excès et de folies...

    J'en veux pour preuve l'histoire suivante...qui en dira long, je crois, sur l'excès qui m'anime parfois quand de gibiers d’eau il s’agit.

    A l'époque je vivais à 3 heures de routes de mon lieu de chasse favori : le grand étang de l'OR.
    Aussi chasser le gibier d'eau en ces lieux lointains nécessitaient une logistique et une organisation méthodique, implacable, et fastidieuse.

    Nous étions au mois d'octobre, le 17 sans doute, en l'an 2000.
    La semaine avait été rude, la fatigue sournoise était là, mais le vent aussi...
    Peu importe, le programme était établi comme il se doit :
    Samedi matin : RDV 4 heures avec un collègue pour faire l'aube dans un excellent marais riverain de l'étang de l'OR.
    Nuit de samedi à Dimanche : Etang de l'OR avec l'Oncle ; destination inconnue (sur l'étang de l'Or l'emplacement des postes est matérialisé par un piquet ; l'entrée sur l'étang se fait à une heure fixée ; les postes sont attribués par tirage au sort ou au premier arrivé ; chacun emmène son gabion et repart avec avant l'heure de sortie de l'étang fixée par le règlement.)

    Mais revenons au vendredi soir….
    Mince il est déjà minuit, plus qu'une heure avant le départ...impossible de fermer l'oeil...12h30 allez je n'y tiens plus je pars...je serais en avance...C'est sans compter sur le brouillard épais qui noie en une masse informe les paysages sublimes du piémont du massif central.
    Je suis juste à l'heure pour l'entrée sur le marais (là aussi l'entrée se fait à une heure fixée, et les postes sont répartis dans l'ordre d'arrivée aux cabanes de chasse.
    Nous héritons du poste le plus éloigné...le poste à Robert de la grande Verne : il faut traverser tout le marais, soit un bon kilomètre, les bateaux chargés des affaires de chasses (fusils, musettes, déjeuners,Etc..), des appelants, des plombs pour les appelants, des "cimbels" (blettes pour les nordistes ; une bonne 20ne), des paillons (panneaux de roseaux destinés à construire le poste), des piquets pour les paillons, et ce en se poussant sur une longue perche appelée localement "partegue".
    Après 20 minutes d'efforts, nous voilà rendu enfin au poste.
    Le collègue installe les canes et les "cimbels" ; je construis « l’agachon » (la cache)...
    10 minutes après tout est prêt, la chasse peut commencer...l'attente aussi...et nos espoirs ne sont pas déçus.
    Ce sont d'abord 5 sarcelles qui goûtent au plaisir et à la quiétude de notre calée, 2 sont prélevées.
    Puis un siffleur et une foulque...mais il est déjà 10 heures...un dernier 1/4 d'heures d'espoirs et il est temps de rentrer. L'opération inverse s'amorce : on remballe, on range, on traverse le marais, on charge la voiture...11h30.
    11h45 J'arrive chez mon oncle ; un petit café ; le temps de discuter de l'aube du matin, et il est déjà l’heure de se préparer à partir : préparer le gabion, y ranger les affaires de chasse, charger le gabion sur la remorque, charger les bateaux sur la même remorque, préparer les piquets, les filets de camouflages, les "cimbels", les plombs pour les canes...choisir les canes pour la nuit.
    Une véritable expédition se prépare...et rien n’est laissé au hasard
    13h00 il est grand temps de partir mais la grande question celle qui nous brûle les lèvres n'a toujours pas été tranchée : Où va t on ? Ou, plutôt, où va t-on essayé d'aller (l'étang est grand 3500 ha et les possibilités ne manquent pas même si les très bons postes sont très localisés).
    Mon oncle opterait pour un coin tranquille, les vents sont nord...moi je n'en démord pas : il faut aller à "temple" ou "caisse de mort" à longue pointe le meilleur poste du secteur particulièrement convoité.
    Un très très bon poste mais très éloigné, vraiment très éloigné, et sur l'étang seule la "partègue" est autorisée (moteur interdit), et par grand vent il y a de jolies vagues contre lesquelles il faut lutter pour avancer, pour traverser, pour se rendre aux endroits les plus propices.
    L'oncle n'est pas chaud, le coups est incertain ; il faudra faire la course.
    A coeur vaillant rien d'impossible.
    Voici mon plan de bataille :
    Je prendrais le canal (soit bien 3km), contournerait ainsi les marais et sortirait à la pointe de pyramide. De là je traverserais une partie de l'étang (presque 1km) à la "partègue" et gagnerait "temple" en traversant le marais bordant le "trou de marie". Soit en perspective une bien belle partie de "partègue".
    L'oncle traversera avec un chargement réduit l'ensemble des marais, traversera la verne et se rendra par le trou de marie à quelques centaines de mètres de longue pointe au plus proche piquet limitant le DPM pour tenter de gagner à la course le droit d'occuper le poste pour la prochaine nuit.
    A 15h00 le sort en est jeté : mon oncle a gagné la course et il m'attend au poste. Moi je lutte comme prévu contre vents et vagues tirant comme un galérien le combien précieux gabion de mon enfance.
    Après une heure d'efforts, j'arrive enfin en sueur mais heureux...
    Pour ceux qui ont suivi je n'ai toujours pas pris le moindre repos depuis le vendredi matin 7h00 heure à laquelle je me suis levé pour aller travailler...
    Enfin la confiance est là, j'y crois pour cette nuit...
    Le déballage commence : installation du gabion, camouflage du gabion, installations des "cimbels" (les appelants seront positionnés au dernier moment à la tombée de la nuit, les plus proches concurrents étant de part et d'autre à 150 mètres).
    17h30 nous sommes prêts.
    J'aperçois au loin une sarcelle. Elle nous fonce dessus...PAN, PAN, PAN, PAN....m..de juste piquée elle va se poser quelques 500 mètres plus loin à l'intérieur des marais.
    J'y vais, je prends le chien (je ne vais jamais passer la nuit sans mon chien). Encore quelques efforts...elle se renvole PAN, elle y est.
    Pur instant de bonheur. Je retourne au gabion. A mi chemin j'aperçois 6 siffleurs qui viennent aux formes. Mon oncle les siffle ; ils sont là à 15 mètres au dessus de sa tête ; ils tournent et retournent ; je suis couché au fonds du bateau ; les siffleurs sifflent comme des fous et semblent lui répondre ; l'instant est surréaliste, éternel ; il ne tire pas...il est accroupi derrière le gabion, et les fusils sont à l'intérieur du gabion trop loin pour être saisis !!!
    Un dernier tour et puis s'en vont. Tant pis l'instant était magique.

    Bientôt la nuit arrive, les appelants se déchaînent...3 points papillonnent au dessus des formes. C'est posé : 3 sarcelles. J'en ai 2 au coup de fusil (PS je tire sans lunettes compte tenu de la lune), mon oncle une...1, 2, 3 Pan une seule reste : la sienne. M..de. Enfin c'était quand même génial de voir ces 3 formes fondrent sur nous et se poser en un instant fugace dans un tonnerre de chants.
    Je décide de fermer les yeux...à peine endormi et ... c'est de nouveau un tonnerre de récriages...6 milouins sont posés là à 15 mètres de nous.
    Et là c'est le coup de fatigue, j'ai les yeux qui se ferment seul, je vois deux canons et aucun milouin dans la mire. Mon oncle me demande si je suis prêt ; je réponds oui mais je n'y vois rien...1, 2, 3, ... Pan... 3 oiseaux restent.
    Je sors comme une balle pour aller les ramasser, j'en tiens 1 puis 2 mais le troisième plonge sous mon nez. Je le poursuis dans la nuit au milieu du vent et des vagues, seul dans la nuit. Mais la cause est désespérée et bientôt je dois renoncer. Je retourne déçu et navré dans le doux gabion protecteur.
    Je suis mort de fatigue.
    Mais les vents sont là, le gibier aussi...successivement vienne se poser 2 sarcelles (1/2 j'ai loupé), puis une, puis une autre, et encore une femelle de pilet (que j'ai dû tirer à plusieurs reprises...), puis 20 sarcelles d'hiver posées un peu loin et qui s'envoleront suite au tir d'une foulque par nos voisins, et enfin au matin deux souchets (1/2, j'ai encore loupé...)
    Une nuit extraordinaire et mouvementée qui se soldent par 4 SH, 2 Milouins, un pilet et un souchet. Le vrai grand bonheur.

    Mais il est déjà 9 heures, il est temps de partir...chemin inverse le coeur léger mais les paupières et les bras lourds...les vents ont tourné au matin et les vagues aussi.
    11 heures nous voilà rendu à la voiture, chargée rapidement.
    12 heures retour à la maison de l'oncle et de nouveau déchargement général et nettoyage du matériel. Enfin bientôt tout est en ordre.
    Un dernier café et il est temps pour moi de rentrer : 3 heures de routes avec les paupières lourdes et de nombreuses pauses salvatrices.

    Enfin 16 heures (la dernière pause a duré une heure...) je suis enfin chez moi et goûte à un repos bien mérité.

    Voilà ma passion brute, folle et sublime, telle que j'aime la vivre et la conter.
    Voilà ce qui fait battre mon coeur parfois à minuit, seul, incompris.
    Voilà en une histoire toute ma vie de chasseur de nuit faite de mille illusions, d’espoirs souvent déçus mais pas toujours, d’efforts, de sueurs, de larmes, et de sangs mais aussi et surtout de bonheur partagé, d’amitié, de sentiments de plénitude et d’existence.

  2. #2
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    Belle histoire,gab!

    Elle me rappelle que quand j'ai fait mon service,j'ai cassé un voiture pour m'être endormi au volant au retour de la chasse au cours d'une permission de 48 H où je n'avais guère eu le temps de dormir (service à Besançon = 10/12 heures de train).

    Bien plus tard,je suis parti en formation à Toulouse,et à l'automne je suis remonté 3 fois en Normandie pour des week-ends de 4 jours de chasse. Je n'oublierai jamais un certain retour vers Toulouse,de nuit,en LNA citroën,sans chauffage,et littéralement mort de fatigue...

    De la folie! Mais ça fait partie de la passion,n'est-ce pas! Une sorte de fureur de vivre...

  3. #3
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    Enfin un lecteur déclaré...merci deufydac.
    Beau geste de solidarité d'un beau posteur pour un long posteur.
    C'est vraie qu'elle est longue l'histoire, et pas passionnante l'histoire.
    Mais c'est mon histoire.
    A tous ceux qui la trouvent trop longue à lire, sachez qu'il ne s'agit là que d'un résumé des meilleurs momments du Week end en question.
    L'intégrale est disponible par ailleurs pour les intéressés...
    C'est vrai Deufy., cette chasse au gibier d'eau de nuit et aux appelants nous en fait faire des folies.
    J'ai souvenir des propos de Paul Valéry qui disait je crois "Tout ce qui est excessif ne signifie rien".
    Deslors qu'elle peut bien être la signification d'une telle passion dévorante ?

  4. #4
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    elle est pas trop longue elle est trop belle et j'avais rien trouvé à dire d'intelligent aprés l'avoir lue (qui a dit comme d'hab? )mais maintenant que deuffy a rompu le charme ça va! chui content en ce moment mon décodeur à deuffy y remarche j'comprends tout du premier coup! à votre santé les poètes!

  5. #5
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    Belle histoire Yann.
    Je me rapelle, j'etais là ce jour là à l'aube avec qui tu sais .

    Je me rapelle aussi qu'on vous avait mis les fesses rouges à l'oncle et à toi...tu te souviens ?

  6. #6
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    Y ' a autre chose qui m'a interpelé,Gab. Dans ton histoire et dans tes post récents sur nos rêves,c'est l'ambiance.

    Depuis que j'ai fait un passage à Toulouse,il y a une douzaine d'années,je redescends tous les ans en pélerinage entre Gruissan et La Nautique: sur les bords des étangs littoraux que j'ai découverts à cette époque là.

    J'y campe quelques jours,en sauvage,et j'y fait un peu de chasse (photos)à l'affût des flamants,échasses,foulques,colverts,sarcelles,sou chets,limicoles divers,etc... et même depuis quelques années, pélicans et ibis (échappés de Bages??? ou introduits??? :/ )

    Que ce soit en avril,mai ou juin,c'est toujours magnifique,et peu fréquenté.

    Et ton histoire m'a rappelé à ces souvenirs... vivement le printemps!

    P.S. En dehors de Narbonne-plage,Gruissan(-le neuf),et la verrue de Port la Nouvelle,c'est encore relativement préservé,comparé à ce qu'on peut voir plus au nord... vers quoi je n'ai jamais poussé ma visite...

  7. #7
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    moi j'ai un souvenir de pèche au congre de nuit sur la jetée de Gruissan inoubliable rigolade et ensuite on a prolongé par une pèche de melettes dans un canal vers les étangs c'est vrai que le coin est super et j'espère y retourner un jour!

  8. #8
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    le NORD !!!
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    ouais , belle histoire

    mais c vrai que venant de Gab c normal ...

    dispo ou ça en version intégrale ???

    longue mais à coté de la chasse des canards de Rocher c qu' un titre de chapitre ton post ....

    et le Bouquin de Rocher je le lis et relis encore et encore ...

    il n' y a que les vaines dis****s qui sont trop longues pas les beaux post comme celui là

    et c pas Deuf' qui me contredira

    bien joué Gab'


  9. #9
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    le titre résume toute ton histoire

    PASSION

    juste une petite citation dont j'ai oublié l'auteur, qu'il m'en pardonne

    la chasse a quelques chose de si rare et de si extraordinnaire qu'elle ensorcelle ses heureuses victimes.



  10. #10
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    septembre 2003
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    le NORD !!!
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    c le comte de Valicourt qui disait que cette chasse était ensorcellante

  11. #11
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    "...Les chasses du gibier d'eau sont bien des chasses ensorcelantes." disait ce grand homme, t'as raison Mas!

    Et sur ma boîte à lunette de nuit pour la tonne, quand j'étais petit j'avais pyrogravé une cane qui chante sur deux siffleurs à la tonne et dessous y'a pyrogravé en petit "Chasses ensorcelantes"!!!

    Ca a marqué ces écrits là...

  12. #12
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    pres d'adville
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    passion et magie.
    Ton récit est superbe.
    Je crois qu'on doit etre effectivement envoutés, ensorcellés par notre passion.
    Ah si seulement il n'y avait de verts exorcistes

  13. #13
    Désinscrit
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    826
    c pas le comte de Vallicourt, j'en suis sur mais le mot est tellement magique qu'il peut être employé par beaucoup de chasseurs passionnés...

  14. #14
    chanteuse enrouée
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    août 2003
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    Sûr que c'était M. De Valicourt!...Oû as tu vu que ce n'était pas lui?...

  15. #15
    Désinscrit
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    j'ai entendu cette citation sur une vidéo de très chasse sur la chasse au faisan au domaine du Boulet et le gars mentionnait un nom se terminant par Y (Vailly??)

    mais ca te fait tellement plaisir Guéna qu'on dira que c'était du comte de Valicourt !! d'ailleurs ca ne peut etre que de lui

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