Courrier du Président de la FDC 59.
Cher(e)s passionné(e)sComme vous le savez au gré de nos diverses communications, ces derniers mois, un groupe de travail s’est constitué pour travailler sur un guide des bonnes pratiques en cas de survenance d’un foyer d’IAHP dans un élevage. Ce groupe de travail fut créé sur demande de notre nouveau Préfet, à la suite du traumatisme que nous avons vécu lors du dernier épisode de grippe aviaire l’hiver dernier. Logiquement placé sous l’égide de la DDPP 59, les travaux de cette assemblée technique aboutirent à la production d’un « guide desbonnes pratiques à destination des chasseurs de gibier d’eau ». La version la plus aboutie a été présentée le 7 octobre dernier dans le cadre de la commission « Migrateurs » que je préside. La quasi totalité des associations de chasseurs de migrateurs était présente ou représentée. Le groupe de travail accueillait également l’OFB, la louveterie et bien sûr votre Fédération des Chasseurs du Nord, représentée par les élus présents ainsi que par le service technique. Les débats avaient porté toute la soirée sur ce guide dont les 32 premières pages constituent un exemplaire travail de synthèse et d’explicitation du cadre réglementaire et de la législation inhérente à ce risque sanitaire majeure ainsi que les mesures détaillées que les chasseurs pourraient prendre sur le terrain pour éviter de contribuer à la dispersion du virus aviaire, les fameuses « bonnes pratiques », qui, objectivement, sont des mesures de bon sens mais, indéniablement, une couche de contraintes supplémentaires dans la pratique de la chasse. 2 pages en toute fin de guide ont été élaborées par la DDPP 59. Ces pages sont constituées d’une liste de critères d’analyse de risques épidémiologiques caractérisant le contexte d’apparition d’un foyer de grippe aviaire dans un élevage. Ces critères concernent à la fois les caractéristiques du virus, sa virulence, l’étendue de la zone impactée, son extension ou sa stabilité, etc… Ils prennent également en compte, dans une certaine mesure, l’application par les chasseurs des bonnes pratiques évoquées plus avant. De prime abord, ces critères et le tableau associé semblaient une promesse de pouvoir mettre en place un cadre permettant de moins impacter la pratique de la chasse. En somme, et c’était là l’essence même de la genèse de ce groupe de travail, un partenariat gagnant/gagnant : nous, chasseurs, mettons en place des mesures sanitaires pour lutter contre la dispersion du virus et en retour, nous pouvions envisager un maintien de la chasse. Pas la chasse comme nous aimons la pratiquer, mais au moins de pouvoir raisonnablement chasser. Le 7 octobre, lors de la commission, l’avis était très largement positif sur ce guide, y compris sur ces 2 dernières pages. Nous pouvions envisager une diffusion de ce guide et la sensibilisation sur le terrain des chasseurs pouvait débuter. Dans les jours qui ont suivi, les doutes se sont installés. Et plusieurs associations se sont manifestées pour exprimer ces inquiétudes en rentrant dans le détail de ces 2 pages et en réalisant des analyses poussées et en essayant de refaire l’histoire avec les deux derniers épisodes de 2021 et 2023, les doutes laissèrent place à la déception. Ce tableau et les différents scénarii imaginés dans le guide ne sont pas suffisants et ne permettent malheureusement pas encore de déterminer un cadre factuel de sortie de crise en cas de foyer de grippe aviaire dans un élevage. Je profite de cette communication pour remercier les associations spécialisées pour leur implication et leur expertise et en particulier l’association Sentin’ailes et l’Association des Sauvaginiers de la Sambre et des Deux Helpes qui ont effectué un travail d’analyse poussé et rapide de ce guide. Ce 23 octobre, je rencontrais notre Préfet et ses services pour faire un tour d’horizon des sujets importants de la chasse nordiste. Ce guide était évidemment au programme et j’ai pu indiquer à notre Préfet de manière très claire que le monde de la chasse que je représente refuse de s’engager sur ce guide. Le but initial n’est pas atteint et je ne peux en aucun cas engagé notre Fédération et les chasseurs sur ce guide dans son état actuel. C’est une réelle déception pour tout le monde mais c’est une sage décision. La conséquence directe est que, encore cette saison, si le virus sévit, nous ne pourrons pas encore disposer d’un cadre clair assurant d’éviter le couperet brutal que nous avons vécu ces derniers mois. Mais, et je m’y engage avec la forte énergie, si le pire arrive encore cette année, je me battrai pour faire valoir notre position, celle de chasseurs passionnés mais aussi et surtout responsables et citoyens. Nous avons des arguments et je m’engage à les porter avec force et détermination pour que les décisions préfectorales prises soient pondérées et moins brutales. Je ne peux pas et ne veux pas vous promettre un résultat certain mais je peux en revanche vous promettre de faire tout ce qui est en mon pouvoir et de porter votre voix auprès de notre Préfet qui est un Homme déterminé à servir notre département mais qui est à l’écoute et qui sait faire preuve de pragmatisme. Rappelons-nous que nous n’avons pas toujours eu ce type d’écoute. Loin de là même. En retour, si l’épreuve arrive, j’aurais besoin de vous ! Que nos comportements sur le terrain soient responsables et engagés. En conclusion, si nous n’avons pas encore obtenu d’avancées objectives, le processus enclenché est une voie qui me semble bonne. Je me suis engagé auprès de notre Préfet à maintenir un investissement fort de notre Fédération dans le groupe de travail. En janvier, nous convierons l’ensemble des membres à une nouvelle session du groupe de travail. Mais d’ici-là, il faut continuer à travailler et à avancer sur le sujet. Nous avons les compétences à la Fédération et au sein des associations spécialisées pour avancer, j’en ai l’intime conviction. Il ne faut plus perdre de temps. Le contexte européen et même mondial est alarmant, il faut en avoir une pleine conscience et l’ensemble de la communauté scientifique craint que ce virus aviaire puisse devenir une zoonose, c’est-à-dire un virus pouvant impacter l’Homme. Il s’agit là d’un des pires scénarios mais dont la probabilité ne cesse d’augmenter. Ce virus n’est pas à prendre à la légère et audelà des impacts économiques désastreux qu’il peut avoir dansles filières avicoles, il présente un risque fort pour la santé humaine. Dans ce cadre, nous diffuserons dans les réseaux cynégétiques la synthèse des bonnes pratiques qui présentent les gestes basiques sur lesquels nous devons comprendre et commencer à en intégrer les rudiments dans notre pratique. Il en va de notre crédibilité qui jouera un rôle central dans les avancées que nous obtiendrons. Le combat continue. Vous pouvez compter sur moi et sur l’ensemble de votre Fédération, son personnel et ses élus.Belle saison à vous et vive la chasse nordiste !
Simon Régin