La glace, j'écrivais...
Et si c'était une nuit, une nuit de sang, une nuit de glace comme on n'en connut pas depuis 100000 nuits. Un huttier hurle, c'est moi : "Merde j'ai froid aux doigts !!"
Il peut faire parfois très froid et même très froid, et ce même sous les cieux les plus cléments.
J'en veux pour preuve ce matin de janvier dans l’Hérault, dont j'ai oublié la date, et qui me vit connaître la morsure implacable du froid.
Ce matin là, le thermomètre affichait -8°C à 4hoo du matin. Les marais étaient complètement pris depuis plusieurs jours. Impossible d'y pénétrer en bateau, encore moins d'y prétendre attacher de quelque façon que ce soit.
Nous avions décidé mon oncle et moi de faire le tour par le canal et de tenter notre chance sur le grand étang de l'OR.
Rendu au bord de l'étang, une surprise de taille nous attendait : Pas un chasseur ; tout le cul de l'étang était pris. Mais il était trop tard pour faire demi-tour, et le temps nous incitait plus que jamais à trouver à tout prix une zone libre.
Seulement devant nous une mer de glace. Il faut la traverser pour gagner les zones des grands fonds de l'étang. Soit peut-être un kilomètre de glaces...
En avant ! chacun son bateau, chacun sa galère et courage. Au prix d'efforts formidables mètre après mètre on avance. Toutes les 10 secondes on trempe "la partégue"(sorte de perche en bois qui permet de faire avancer l'embarcation) dans l'eau pour faire fondre la glace qui s'y forme, et décoller nos mains qui imperceptiblement commencent à se figer.
Après une bonne 1/2 heure d'effort nous voilà rendu à la pointe de la Radelle tant convoitée.
« Et merde je ne sens plus mes mains. Aie, aie, merde, merde... »
« Putain bouge-toi, il faut faire le poste. »
J'attrape les piquets, mets les paillons en place.
L'oncle attache...ça va mieux...mes doigts sont toujours là.
Ce matin là, il faisait vraiment froid, vraiment très froid, peut-être trop froid...
Nous avons vu des milliers de canards posés de çi de là à quelques centaines de mètres. Nous n'avons tiré aucun coup de fusil. Le spectacle était merveilleux.
A midi pour repartir il a fallu de nouveau traverser l'océan de glace.
« Et merde mes doigts. »
La passion nous avait transportés au-delà peut-être de ce qui est raisonnable...
Et vous ? Avez-vous déjà été dépassé par votre passion au point de vous exposer inutilement.