LE REVE BRISE
Il y a quelques mois, on a pu lire un post intitulé, de mémoire, « ce que la hutte vous apporte ». A l’époque, j’avais hésité à participer pour finalement renoncer. Aujourd’hui, je me sens plus prêt.
En fait, cela fait bien longtemps que je chasse le gibier d’eau mais j’ai surtout une énorme passion, une vraie dévotion pour les canards.
Que ce soit avec des jumelles, un appareil photos ou un fusil, je consacrais tout mon temps libre à la gente ailée. Et puis, chemin faisant, est venue une rencontre et de cette rencontre est née le grand amour et deux magnifiques garçons…Bref, tout était parfait dans le meilleur des mondes à un détails prêt : la hutte. Ma femme n’appréciait pas vraiment ma passion de huttier mais, en y mettant chacun du sien, les choses se passaient plutôt bien. Je me voyais déjà, dans quelques années, partir au marais avec mes petites têtes blondes et vivre ensemble quelques moments fantastiques et privilégiés comparables à ceux que j’ai pu connaître de par le passé avec mon père.
Et puis, un jour, il y a deux ans environs, les médecins ont diagnostiqué des traits autistiques chez notre fils aîné Antoine. Tous nos rêves, tous mes rêves se sont envolés.
Depuis ce jour, le diagnostic d’Antoine s’est confirmé, la hutte est restée ma passion mais surtout elle est devenue ma thérapie.
Elever un enfant autiste est physiquement mais surtout moralement très dur et cette pause hebdomadaire est vite devenue mon seul instant de quiétude.
Prélever un canard ou deux est devenu sans importance, j’ai juste envie et surtout besoin d’être là à écouter les appelants, le vent qui monte, la nature tout simplement. J’apprécie tout particulièrement ces instants de veille, à l’affût du moindre bruit, de la moindre ombre furtive. Ces quelques heures de calme me permettent de me ressourcer, de regonfler les batteries pour affronter une nouvelle semaine. Quoi de plus simple, de plus beau que d’attendre cette visite tant désirée, cette visite qui fera battre mon cœur à toute allure pour espérer tenir dans mes mains l’oiseau si convoité. Cette chasse, si belle soit-elle, ne me rendra pas le fils dont j’ai souvent rêvé mais elle me permet d’alléger un peu cette perpétuelle souffrance intérieure.
Je profite de ces quelques lignes pour remercier mon camarade de sortie, mon fiancé comme le surnomme ma femme, car il faut bien avouer que je ne suis pas toujours d’une compagnie très distrayante. Nous avons vécu ensemble quelques bons moments et j’espère bien en vivre d’autres dans le futur.