Les charmes du Kangourou
Il est 20 heures, nous sommes en Décembre.
Depuis quelques temps, nous ne voyons rien! Pas une plume! Les vents sont obstinément au « soroit »! La Baie est vide....
Comme d’habitude et avant d’aller me « pieuter » je sors de chez moi: tiens, temps tout clair !
Je sens un vent moyen de « noroit »… Ma décision est vite prise, je décolle… et si on faisait ch’coup ! Intuition ou simple envie ?
Je téléphone de suite à mon copain Seb: « allo Seb, vent de noroit, tu viens avec moi du Nord tenter le diable ??? »
Mon Sebn’est pas chaud… mais après plusieurs minutes d’hésitation... nous partons à la découverte de l’inconnu !
Nous arrivons à destination, je dis à mon ami: « sors les canes du sac, moi je vais attacher les gibiers ». L’opération est promptement menée, mais manque de chance, mon mâle de sarcelle surnommé la machine se « débine » à vitesse grand V… l’épingle s’est cassée!
« Seb, mon mâle de sarcelle s’est sauvé, prends la lampe ».
« Il remonte à douve » me crie t’il... et par miracle nous l’attrapons; mais à quel prix!
Emporté par son élan l’ami Seb tombe magistralement dans la mare... mais en gardant précieusement la machine à faire poser entre ses mains, un véritable héros ce Seb…
Enfin dans la hutte et au sec, il arbore force oblige son magnifique slip blanc!
La poisse nous pourchasse, de plus la Baie était silencieuse, pas un coup de tube, pas éne breuille aucun chant de canard, le néant absolu.
Vers 23h30, suite à nos multiples péripéties nous nous allongeons. Quelques minutes plus tard mes canes forcent, accrochent, appuient, quelque chose tourne, la machine se met en route, elle double, elle triple, elle quadruple... un récriage d’enfer !!mais je reste stoique!!
Seb se lève, ses jumelles en main il s’exclame : « Oliv, saque té , ronfleux... 5 par devant !»
Ni une ni deux, je me lève tel une fusée. En effet 5 tiots oignes barbotaient tranquillement face à nous … Quand soudain à ma grande surprise, une vingtaine de leurs congénères nagent sur le coté droit de la mare à une quinzaine de mètres de la hutte.
« Seb, Seb, il y en a encore 20 de t’cheu sur la droite... r’bé zé ».
« Vin’diu qué mont ». « Je prend les 5 par devant et toi, tu tapes dans la grappe » me dit il.
Aussitôt dit, aussitôt fait: « alors tu les as ? non pas encore, le 5ème arrive... encore quelques secondes min bi ... c’est bon j’ai la boule, compte... un….deux….vraoum! Tu en as de resté ? Oui, il y a du monde sur le dos... ». En ramassant , je vois un oiseau désailé, je cours après dans la mare et... bing m’a jambe tape dans un piquet de chaine..... et plouf: v’lo Oliv qui tché din l’mouair… une fois rentré dans la hutte nous voilà tous deux en petite tenue au grand dam de mon chien qui nous voit pour la première fois dans notre plus simple appareil… tout comme lui...à poil!
Mais que notre joie est grande d’avoir vécu cet instant magique.
Sur les dix oignes ramassés, nous comptons 9 femelles et 1 mâle. Pourquoi une telle proportion ?
Ceci est-il dû au hasard ? Ou ces petites femelles sont-elles tombées sous le charme sulfureux de mon ami Seb qui était en slip kangourou au moment de la pose ???
Cette interrogation ne sera, comme la précédente, certainement jamais élucidée...
Les charmes de l’ami Seb ne feront pas d’autres victimes durant la nuit... mais nous garderons à jamais un souvenir impérissable de cette belle aventure...et portons un kangourou chaque fois que les vents passent au noroit!