Fédération Départementale dëS Chasseurs
de la Vendée
M. le Président Fédération Nationale des Chasseurs 13 rue du Général Leclerc 92136 ISSY LES MOULINEAUX
La Roche sur Yon, le 26 janvier 2016
N/REF: 34/SF/CM
Objet : Conclusions de la MOP 6 (AEWA)
Monsieur le Président,
La MOP 6 ("Meeting Ofthe Parties") de l'AEWA (African-European Waterbirds Agreement) s'est tenue du 9 au 14 novembre 2015 dernier à Bonn, en Allemagne. Organisées tous les trois ans, ces rencontres traitent de l'ensemble des espèces d'oiseaux d'eau (statut de conservation, tendances, effectifs, mesures à prendre pour leur gestion et leur conservation...) ayant totalité ou partie de leur cycle de vie en Afrique et/ou en Eurasie. Les pays signataires sont tenus, dans l'absolu, de respecter l'accord et donc d'y appliquer les décisions souscrites, même si certains accords peuvent prévaloir sur les résolutions signées à l'AEWA (par exemple, l'application de la Directive Oiseaux dans l'Union Européenne).
Une synthèse a d'ores et déjà été rédigée par vos services et résume très justement les « menaces » pesant sur la chasse de certaines espèces d'oiseaux d'eau. Les points saillants concernent notamment le changement de catégorie de certaines espèces, désormais en colonne A (espèces ne pouvant plus être chassées sur leur aire de répartition). Deux espèces chassables sont visées au niveau métropolitain : la Macreuse brune et le Chevalier gambette. En outre, une résolution a également été prise pour la réinstauration du moratoire du Courlis cendré sur le Domaine Public Maritime (DPM) tant qu'une gestion adaptative de ces prélèvements n'aurait pas été mise en place. Le tableau dépeint est d'ores et déjà négatif, mais la prochaine MOP (7 , 2018) n'annonce pas des jours meilleurs. Six espèces, pour certaines incontournables pour la chasse au gibier d'eau, sont susceptibles elles aussi de voir leur chasse suspendue si aucun plan de gestion adaptatif n'est réalisé d'ici là : l'Eider à duvet, la Barge rousse, le Bécasseau maubèche, l'Huitrier-pie, le Vanneau huppé et le Fuligule milouin.
La suspension de la chasse de la Barge à queue noire et du Courlis cendré avait d'ores et déjà pesé dans la chasse maritime, en particulier en Vendée. La diversité du gibier potentiel avait néanmoins maintenue une activité cynégétique conséquente. Or, le retour du moratoire sur la chasse du Courlis cendrée et celui désormais tout autant plausible du Chevalier gambette auront certainement des conséquences significatives sur le nombre de spécialistes des limicoles sur le DPM. De plus, la menace pesant sur d'autres espèces emblématiques (Huitrier-pie, Bécasseau maubèche...) condamnerait à moyen-terme cette chasse. Tout au plus, quelques spécialistes et passionnés d'anatidés maintiendraient une activité ponctuelle de leur chasse. Le fonctionnement normal d'une association de chasse maritime ne pourrait certainement plus être assumé en raison du faible nombre d'adhérents.
Enfin, la suspension de la chasse des espèces susnommées pourrait avoir des conséquences indirectes sur la chasse d'autres espèces. Les négociations internationales et nationales sont souvent le fruit de compromis : la chasse française isolée, sans arguments et sans études à fournir sur l'ensemble de ces espèces, se verrait dans l'obligation de trancher en faveur du maintien de la chasse d'une espèce aux dépens d'une autre. Ce schéma est appliqué depuis de nombreuses années, notamment pour des réductions temporelles de ces chasses. A tenne, les espèces marginales auront été largement « consommées » dans le lot des négociations. Les efforts des « anti » ou des lobbys pourront se concentrer sur d'autres objectifs, dont des espèces bien plus emblématiques voire même des territoires. Il y a dix à quinze ans, la fin de la chasse de certaines de ces
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espèces était utopique. Il s'agit maintenant d'une réalité qui impose d'articuler une stratégie, nationale et concertée, sous peine de rendre toute volonté de maintien de la chasse des limicoles à court-terme, et du gibier d'eau à long-terme, inefficace. Enfin, et vous en avez conscience, la perte de ces espèces aura pour effet sous-jacent une diminution du nombre de nos adhérents.
Monsieur le Président, mon discours vous apparaîtra peut-être alarmiste : en effet, il l'est. Conscient des efforts déjà produits, nous arrivons malheureusement au constat que ceux-ci sont insuffisants tant la France semble isolée et parfois très en retard en termes de recherche et d'études en comparaison d'autres Etatsmembres. Bien humble quand aux solutions qui seraient à envisager, je crois néanmoins qu'une concertation rapide des institutions cynégétiques (FDC, FRC, Instituts...) est à entreprendre, au-delà des clivages, tant l'intérêt reste celui du monde cynégétique dans son ensemble.
Nous espérons que ces informations attireront votre attention et vous pouvez compter sur notre implication pour continuer à défendre la chasse et ses passionnés.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'express.ion de-aQS salutations distinguées.
Le ftpsicfbpt, \ \
GilH DOUILLARD