Envoyé par
DICHE DIDE
Pour info, extrait de mon second bouquin de mémoires de chasseurs du 20ème siècle :
MIGRATION CÔTIERE
Je voudrais revenir sur le couloir de migration maritime, au-dessus
du golfe de Gascogne, dont certains ont l'air de penser -à
tort- que c'est une adaptation des oiseaux à la pression de
chasse. Déjà dans les années 1930, les marins des chalutiers
arcachonnais les observaient, et parfois les tiraient, d'où peut être,
le fait d'en retrouver des mortes sur l'eau....Ne seraient-ce
pas des oiseaux fusillés depuis les bateaux, et perdus, tout
simplement ? En témoigne aussi ce rapport de l'entre-deux
guerres, d'un capitaine de bateau marchand, une fin novembre,
près des côtes de Galice : croyant avoir à faire aux restes d'un
naufrage, ils se détournèrent pour découvrir des MILLIERS DE
BÉCASSES noyées. C'était un chasseur, il n'a pas pu se tromper.
Reste que dans les jours précédents il y avait eu de très forts
vents contraires à la migration. Les oiseaux s'étaient-ils fait
surprendre au point de s'épuiser et de s'abattre dans la mer ?
Observation personnelle : mi-octobre 1983, un ami,
m'avait proposé de l'aider à convoyer un voilier à Saint-Jean-de-
Luz. La date ne m’enchantait pas, mais parfois il faut savoir
rendre service. Et puis, j’aime aussi naviguer à la voile… Nous
avons longé la côte à environ deux milles (3,5 km) par beau
temps, vent établi modéré de Est/Sud-Est qui nous permettait
une allure confortable, du près bon plein au vent travers. Il y
avait ce jour-là une incroyable migration sur l'eau de grives,
alouettes et palombes, alors que le vent portant de la terre, ne
nous laissait entendre que de rares coups de fusils ! Depuis
Saint-Jean-de-Luz, nous entendions «pétarader» sans
discontinuer, dans la montagne (il était pourtant onze heures
trente, et ça devait durer depuis l'aube !) ! Les vols, à la queue
leu leu rentraient directement sur la terre OUEST-EST à
hauteur d'Hendaye, ou un peu après, «a bisto de naz» ! A
méditer... Dans les jours qui suivirent, les témoignages
recueillis furent unanimes : à terre, du moins autour du Bassin
d’Arcachon et jusqu’à la frontière landaise de Biscarosse, le
passage avait été nul ! Pourtant, durant près de cinq heures
nous avions accompagné des dizaines de milliers d’oiseaux
-pour ne pas dire plus- de toutes espèces confondues, en plus
des gibiers des nuages de petits passereaux, des rapaces,
même des hirondelles et du gibier d’eau ! A nos yeux c’était un
énorme passage ! Et il ne se matérialisait que sur le pays-basque
! A tel point que des amis communs nous ont chambrés,
le copain skipper ayant précédemment navigué aux Antilles, et
ramené un stock de rhum d’un goût inégalable… Mystère ?
Aujourd’hui encore, je me demande quelle est l’importance de
cette migration maritime, le long de la côte atlantique.